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Assemblées annuelles FMI-BM : l’Afrique occupe une place de choix à Marrakech

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À l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) qui se tiennent à Marrakech du 9 au 15 octobre, l’Afrique a pu faire entendre sa voix sur différentes questions. Entre lundi et vendredi, plusieurs séances ont été consacrées à des problématiques déterminantes pour l’avenir du continent en plus d’une vingtaine de panels thématiques. Le point d’orgue a été l’adoption de la « Déclaration de Marrakech. » Cette déclaration, signée par les 48 pays participants, a appelé à une refonte de l’architecture financière mondiale pour favoriser le développement de l’Afrique. Florilège.

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Les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international se poursuivent jusqu’à dimanche à Marrakech. Vendredi, le roi Mohammed VI a adressé un message aux participants. Le Souverain a souligné que le Maroc, en tant que pays africain, aspirait à ce que le continent, désormais audible au sein du G20 grâce à l’Union africaine, puisse occuper la place qui lui revient dans d’autres organisations internationales. Lui permettant ainsi de mettre en œuvre ses programmes économiques et sociaux.

Le Roi a également fait remarquer que les nations africaines figurent parmi les plus durement touchées par le changement climatique, bien que leur contribution aux activités responsables du réchauffement planétaire soit parmi les plus modestes. Dans son message, le Monarque a plaidé en faveur de l’ajustement des règles et des cadres régissant le traitement de la question de l’endettement. Cela, afin de prendre en considération les difficultés auxquelles sont confrontés les pays à faible revenu lourdement endettés pour faire face aux défis du changement climatique.

Le chef de l’État a souligné que l’Afrique, qui abritera un quart de la population mondiale d’ici 2050, doit être dotée dès à présent des conditions nécessaires pour renforcer sa marge de manœuvre et exploiter son potentiel. Elle doit être capable de répondre efficacement aux besoins de sa population, dans un contexte de plus en plus incertain marqué par des bouleversements majeurs. Enfin, le Roi a rappelé l’engagement du Maroc envers la coopération Sud-Sud, mettant en avant une démarche de co-développement avec les pays africains frères et amis, et confirmant ainsi son engagement envers la solidarité régionale et internationale.

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Déclaration de Marrakech

Jeudi, une Réunion ministérielle de haut niveau s’est tenue à Marrakech en marge des Assemblées annuelles FMI-BM. Cette réunion, initiée par le Royaume du Maroc, a réuni des ministres représentant 48 pays africains. La ministre marocaine de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a mis en avant la nécessité d’accélérer la coopération et l’intégration en Afrique, soulignant que cela repose sur une vision stratégique éclairée du développement. La ministre a noté l’augmentation des flux commerciaux et des investissements entre le Maroc et les autres pays d’Afrique, où le Maroc est devenu un acteur majeur.

Nadia Fettah a également abordé la question complexe du financement des infrastructures en Afrique, indiquant que les besoins de financement dans ce secteur s’élèvent à entre 68 et 108 milliards de dollars par an. Pour résoudre ce défi, elle a plaidé en faveur d’une plus grande implication du secteur privé, appelant à un renforcement de la coopération internationale et à l’utilisation de mécanismes de financement novateurs. Elle a souligné que le financement des infrastructures en Afrique représente un défi, mais aussi une opportunité, car ces investissements stimulent la croissance économique, créent des emplois et améliorent la qualité de vie des citoyens.

Outre le Maroc, de nombreux autres pays africains ont participé à cette réunion, dont le Cap-Vert, la République Démocratique du Congo, la Tanzanie, le Niger, l’Angola, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, les Comores, le Congo, Djibouti, l’Égypte, l’Éthiopie, le Gabon, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée Équatoriale, le Lesotho, la Libye, Madagascar, le Malawi, Maurice, la Mauritanie, l’Ouganda, le Rwanda, Sao Tomé et Principe, le Sénégal, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad, le Togo, la Tunisie, la Zambie, le Zimbabwe, les Seychelles, l’Eswatini, l’Afrique du Sud, le Liberia, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, la Gambie et le Nigeria.

La Réunion ministérielle de haut niveau s’est achevée avec l’adoption de la «Déclaration de Marrakech.» Cette déclaration, signée par les 48 pays participants, a appelé à une refonte de l’architecture financière mondiale pour favoriser le développement de l’Afrique. Les délégués ont souligné l’importance de réaliser les priorités de croissance du continent tout en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale des États africains. Ils ont également plaidé en faveur d’une coopération renforcée, tant à l’échelle bilatérale que multilatérale, afin de soutenir le développement des infrastructures en Afrique. Cela passerait par un accroissement du financement, le partage d’expertise technique, et le renforcement des capacités. Un autre point majeur de la déclaration était l’encouragement de la création d’un secteur privé dynamique en Afrique, capable de soutenir des projets d’infrastructures structurants et de combler le déficit de financement dans ce domaine.

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Le Maroc désigné superviseur de la déclaration

Le Maroc, en tant qu’initiateur de cette réunion, a été invité à superviser la mise en œuvre de la Déclaration et à créer une Task-Force interafricaine. Cette task-force servira de plateforme pour partager les meilleures pratiques et expériences en matière de développement et de financement des infrastructures en Afrique. Elle soutiendra également le développement de projets d’infrastructures et facilitera les levées de fonds auprès des investisseurs.

En outre, les participants ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une co-émergence durable en Afrique, avec les infrastructures jouant un rôle essentiel dans le développement économique. Ils ont souligné la nécessité de renforcer le climat des affaires en améliorant les conditions structurelles pour les investissements et en encourageant l’entrepreneuriat et l’innovation. Les pays africains ont également insisté sur la nécessité d’une gouvernance climatique distincte, basée sur un partenariat et une appropriation africaine. Ils ont souligné l’importance de mobiliser diverses sources de financement, notamment privées, pour répondre efficacement aux besoins en infrastructures en Afrique.

Malgré les progrès réalisés, les pays africains font toujours face à des défis importants en matière d’infrastructures, qui sont essentielles pour le développement économique, la création d’emplois et l’amélioration du niveau de vie de la population. La question du financement des infrastructures reste un enjeu crucial, car les ressources publiques ne peuvent à elles seules couvrir les besoins du continent. La déclaration a également souligné l’importance de la solidarité internationale dans la lutte contre le changement climatique en Afrique, en mettant en évidence les besoins de financement climatique insatisfaits du continent.

Enfin, les délégués ont félicité le Maroc pour sa désignation en tant que pays hôte de la Coupe du monde 2030, une opportunité qui pourrait catalyser la croissance et la modernisation des infrastructures au Maroc et témoigner de la confiance en l’Afrique pour relever les défis qui se posent.

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L’innovation, moteur du développement en Afrique

Mercredi, un panel fort intéressant intitulé «Africa : The innovation engine» a regroupé des personnalités prestigieuses. Le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie, a mis en avant le rôle clé de l’innovation dans le développement de l’Afrique au cours des deux dernières décennies. Selon Selassie, l’innovation a été le catalyseur de la propagation des nouvelles technologies et des connaissances sur le continent, démontrant la capacité d’adaptation de l’Afrique. Il a également mis en évidence la montée en puissance des avancées technologiques sur le continent, ainsi que son aptitude à intégrer les nouvelles technologies. Cela apportera des retombées positives sur la productivité, la réduction des coûts de transaction et, en fin de compte, la croissance économique.

Le directeur du FMI a souligné que l’institution travaille en collaboration avec les gouvernements pour créer un environnement favorable à l’innovation, en veillant à ce que les entreprises puissent exploiter les opportunités qui se présentent. Il a également évoqué la collaboration avec le secteur financier, en particulier sur les réglementations liées à la FinTech et d’autres activités financières importantes pour la région. Le FMI s’engage également dans la numérisation des services gouvernementaux et l’identification des obstacles à l’innovation.

De son côté, la ministre marocaine de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Ghita Mezzour, a souligné l’importance de l’innovation et de la transition numérique pour le développement socio-économique, la création d’emplois et la croissance. Elle a évoqué l’exemple de l’outsourcing, un secteur employant 130.000 talents au Maroc, devenu la deuxième destination la plus prisée d’Afrique. Elle a mis en lumière les initiatives du Maroc dans le domaine du financement. Elle a cité dans ce sens le statut de l’auto-entrepreneur, bénéficiant aux startups, ainsi que le réseau de Technopark, abritant plus de 3.000 startup et générant plus de 15.000 emplois directs et indirects.

Cette rencontre a réuni des responsables gouvernementaux africains, des entrepreneurs et des acteurs de la finance, tant nationaux qu’internationaux, dans le but d’explorer les moyens de positionner l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales de l’innovation et de la technologie.

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Un continent d’opportunités malgré les défis

Mardi, le président de la BM, Ajay Banga, a souligné que l’Afrique demeure un terreau exceptionnel de croissance, malgré les défis persistants. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Marrakech dans le cadre des Assemblées annuelles, Banga a mis en avant les taux de croissance démographique à venir en Afrique et les opportunités de développement exceptionnelles sur le continent.

Cependant, il a également évoqué les défis qui persistent, notamment ceux liés au commerce intra-africain. Banga a noté que la circulation des marchandises en Afrique reste complexe et que, parfois, il est moins coûteux d’envoyer des marchandises hors du continent pour les ramener ensuite, plutôt que de les faire transiter directement d’un pays à l’autre à l’intérieur de l’Afrique. Il a souligné la nécessité de favoriser les échanges intra-régionaux pour créer des emplois pour la jeunesse et tirer parti de la croissance démographique du continent.

En outre, le renforcement du système de santé a été mis en avant. Banga a insisté sur l’importance de développer des dispositifs médicaux fabriqués en Afrique pour l’Afrique, au lieu de simplement recevoir des soins. Il a encouragé d’autres pays à suivre l’exemple du Maroc dans la fabrication de médicaments génériques, ce qui permettrait de résoudre les problèmes d’approvisionnement en produits pharmaceutiques lors de crises sanitaires mondiales.

Enfin, le patron de la BM a souligné l’importance de renforcer le système éducatif en Afrique pour préparer la jeunesse à intégrer le marché de l’emploi et à exploiter son plein potentiel.

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