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Afrique subsaharienne : la croissance peine à redécoller

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La fin de l’année 2023 offre un panorama complexe des perspectives de croissance en Afrique subsaharienne. Entre des défis démographiques internes et des pressions externes telles que le ralentissement chinois et les propositions européennes en matière de taxation carbone, la région doit naviguer avec prudence pour assurer une croissance économique durable et résiliente.

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Si la reprise post-Covid a été décevante, l’Afrique subsaharienne reste sur la voie d’une croissance économique encourageante. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la région devrait enregistrer une croissance de 3,3% en 2023, avec des perspectives optimistes pour 2024, atteignant 4%. Cependant, derrière ces chiffres se profilent des défis complexes, mêlant des difficultés internes et des pressions externes qui pourraient influencer significativement le paysage économique africain.

Les défis de la reprise économique

La reprise économique dans la région demeure fragile et incertaine, en grande partie en raison des difficultés rencontrées par deux des principales puissances du continent : le Nigeria et l’Afrique du Sud. Ces nations, qui ont longtemps été des moteurs de croissance, affichent des performances en deçà des attentes, affectant la dynamique économique globale de la région. Malgré des mesures économiques au Nigéria, la fragilité persiste avec une inflation prévue à 30%, tandis que l’Afrique du Sud, elle, doit composer avec l’inflation, un déficit budgétaire et un taux de chômage élevé.

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De façon globale, l’Afrique subsaharienne fait face à un défi démographique sans précédent. D’ici à 2050, la population en âge de travailler augmentera de 740 millions de personnes, représentant la croissance la plus rapide de toutes les régions du monde. Cela engendre un défi colossal pour les gouvernements, avec entre 8 et 11 millions de jeunes entrant chaque année sur le marché du travail, alors que seuls 3 millions d’emplois salariés formels sont créés annuellement. Atteindre le taux d’emploi salarié moyen des pays à revenu intermédiaire supérieur nécessite une croissance annuelle de l’emploi salarié de 8,3%, un objectif difficile à atteindre étant donné le taux actuel stagnant à 5,4% lors des deux dernières décennies.

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L’impact de l’économie mondiale sur la croissance africaine

Pour la région, les défis ne se limitent pas aux facteurs internes. Le ralentissement de la croissance chinoise s’avère être un défi majeur. Selon les analyses du FMI, une diminution d’un point de pourcentage du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois pourrait entraîner une réduction d’environ 0,25 point de pourcentage de la croissance totale du PIB en Afrique subsaharienne en une année. Les économistes du Crédit Agricole mettent en garde contre les répercussions sur les liens commerciaux, les exportations et les prix des matières premières, soulignant également l’impact potentiel sur les prêts souverains, déjà à leur niveau le plus bas en près de vingt ans.

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La Chine, en tant que principal partenaire commercial et bailleur de fonds majeur de l’Afrique subsaharienne, occupe une position centrale dans cette équation économique complexe. Elle absorbe près d’un cinquième des exportations de la région, principalement des métaux, minéraux et combustibles. Parallèlement, la Chine est en tête des sources d’importations, notamment pour les biens manufacturés et les équipements. Cependant, cette interconnexion étroite expose la région à des fluctuations économiques mondiales et à une dépendance accrue envers la santé économique chinoise.

D’un autre côté, les pays subsahariens redoutent que le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF) ne nuise à leur croissance économique. Selon Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), l’application du MACF pourrait entraîner une baisse de 30 à 35% des exportations africaines vers l’UE, touchant des secteurs clés tels que le ciment, le fer, l’acier, l’aluminium et les engrais. Cette mesure pourrait également contraindre l’Afrique à réexporter des matières premières vers l’Europe, accentuant la désindustrialisation et entraînant des pertes économiques substantielles.

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