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Afrique du Sud, un pays au tapis à cause de la corruption et de la mauvaise gouvernance

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L’ancienne présidente de l’Assemblée nationale Sud-africaine, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, est soupçonnée d’avoir perçu des pots-de-vin en échange de contrats de sous-traitance, du temps où elle était ministre de la Défense. Sa mise en examen est un nouveau revers pour le parti au pouvoir en Afrique du Sud. La formation politique est souvent impliquée dans des affaires de corruption. Cette énième accusation pourra leur coûter cher à l’approche d’élections cruciales.

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La présidente du parlement sud-africain a quitté ses fonctions avec effet immédiat, mercredi 3 avril, pour préserver l’intégrité de l’institution et se concentrer sur sa défense sur l’enquête ouverte contre elle. Nosiviwe Mapisa-Nqakula est accusée de corruption et de blanchiment d’argent.

Cette démission a été officialisée par la transmission d’une missive dans laquelle, elle précise ce qui a motivé sa décision. «Compte tenu de la gravité des accusations très médiatisées dont je fais l’objet, je ne peux pas continuer à ce poste», a-t-elle expliqué dans sa lettre. Insistant sur le fait que son retrait n’était « en aucun cas une indication ou un aveu de culpabilité », elle assure : «Je maintiens que je suis innocente et je suis déterminée à rétablir ma réputation». Mapisa-Nqakula s’était mise en « congé spécial » au lendemain de la perquisition de son domicile.

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Elle est soupçonnée d’avoir reçu des pots-de-vin pour accorder des contrats militaires. Ce jeudi matin, elle a été présentée à un procureur qui lui a détaillé les chefs d’accusation avant de la libérer sous caution. Ceux-ci se sont accumulés contre Nosiviwe Mapisa-Nqakula : douze pour corruption et un pour blanchiment d’argent. Il lui est reproché d’avoir demandé plus de 200.000 euros de pots-de-vin et d’en avoir obtenu la moitié lorsqu’elle était ministre de la Défense. En échange de cet argent, une femme d’affaires obtenait des contrats de sous-traitance avec l’armée sud-africaine, entre 2016 et 2019.

Un pays miné par la corruption

Mapisa-Nqakula n’est pas la seule figure emblématique du parti de l’African National Congress (ANC), a être cité dans une affaire de corruption. L’ancien président Jacob Zuma a très souvent été au banc des accusés, soupçonné d’être impliqué dans des affaires de corruption. Tout récemment, sa candidature pour les prochaines élections a été rejetée par la Commission électorale sud-africaine, suites aux objections émises par plusieurs formations politiques

Plusieurs partis politiques ont, en effet, déposé des objections contre huit candidats aux prochaines échéances électorales, mais une seule plainte concernant Zuma a été acceptée par la Commission électorale. «Dans le cas de M. Zuma, nous avons reçu une objection qui a été retenue», a déclaré le président de la Commission, Mosotho Moepya, précisant que le parti qui l’a nommé en a été informé, de même que ceux qui ont soulevé l’objection.

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La Constitution sud-africaine stipule qu’« aucune personne reconnue coupable d’un délit et condamnée à une peine d’emprisonnement de plus de 12 mois sans possibilité de remplacer la peine par une amende ne peut se présenter au scrutin ».

L’ex-président a été incarcéré pour outrage à la justice, ce qui a provoqué une vague d’émeutes et de pillages sans précédent dans le pays, faisant plus de 350 morts et des dommages estimés à des milliards de dollars. Après deux mois de détention, il a été remis en liberté conditionnelle pour des raisons médicales.

Jacob Zuma  avait lancé son propre parti en décembre 2023, en le nommant Mkhonto Wesizwe (MK), du nom de l’ancienne aile militaire du Congrès national africain (ANC au pouvoir). Il en a profité pour appeler les Sud-africains à ne pas voter pour le parti au pouvoir lors des prochaines élections générales.

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Pour le sanctionner, le Comité exécutif national (NEC) de l’ANC a décidé de faire passer l’ex-président par une procédure disciplinaire au lieu d’une expulsion immédiate, notant que la suspension ne sera traitée par le Comité de discipline du parti qu’après le scrutin.

Selon un rapport de l’ONG de lutte contre la corruption, Transparency international, les membres de l’ANC sont cités dans plusieurs affaires de corruption. Ce qui est un des éléments expliquant la perte de terrain dans les urnes du parti historique au pouvoir depuis la fin de l’apartheid. Souvent éclaboussé par les scandales et dans un contexte socio-économique morose, le Congrès national africain risque d’après les sondages d’opinion de perdre sa majorité parlementaire, pour la première fois de son histoire, lors des prochaines élections qui doivent se tenir entre mai et août.