AES : qui sont ces états qui mettent la pression à la Chine ?

Les autorités maliennes et nigériennes ont adopté une position plus ferme envers les investisseurs chinois présents dans leurs secteurs extractifs. Alors que Bamako exige la fin des exploitations minières illégales, Niamey procède à une révision de sa coopération avec la China National Petroleum Corporation (CNPC) dans le domaine pétrolier.
Les relations entre le Mali et la Chine ont récemment été marquées par une montée des tensions, principalement autour de l’exploitation illégale des ressources minières, notamment l’or, par des ressortissants chinois. Cette problématique a pris une tournure diplomatique importante, avec des conséquences sur la coopération bilatérale entre les deux pays.
Le Premier ministre malien, le général de division Abdoulaye Maïga, a convoqué l’Ambassadeur de Chine au Mali, Son Excellence Chen Zhihong, pour une réunion afin de discuter de l’implication croissante des ressortissants chinois dans l’exploitation illégale de l’or, entre 2021 et 2025. Ces activités non réglementées ont non seulement porté atteinte à l’environnement, mais ont aussi créé de graves désagréments pour les communautés locales, notamment en termes de destruction des écosystèmes et de conditions de travail précaires. Cette rencontre intervient dans un contexte endeuillé avec l’éboulement d’une mine d’or qui fait 48 morts à Bilalikoto.
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Le Premier ministre malien a exprimé ses préoccupations en soulignant la gravité de la situation, tout en réaffirmant l’importance du partenariat stratégique entre les deux nations. Il a insisté sur la nécessité de mettre fin immédiatement à toutes les activités illégales et a rappelé l’importance de contacter les autorités maliennes avant tout investissement dans le secteur minier. Le Mali, sous l’impulsion de son gouvernement, souhaite éviter toute irrégularité à l’avenir en instaurant un cadre de coopération plus strict et transparent.
En réponse, l’Ambassadeur Chen a exprimé la solidarité de la Chine avec le Mali et a présenté des condoléances pour les dégâts causés. Il a proposé la mise en place d’un système de coordination entre l’ambassade et les ministères maliens pour renforcer la réglementation et garantir une meilleure surveillance des investissements chinois dans le pays.
Cette rencontre a mis en lumière un point de friction majeur dans les relations sino-maliennes. Alors que la Chine reste un partenaire clé pour le développement économique du Mali, les autorités maliennes attendent des actions concrètes pour mettre un terme à l’exploitation illégale des ressources naturelles. Ces tensions pourraient redéfinir l’avenir de la coopération entre les deux nations, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’exploitation minière et énergétique.
Le Niger durcit sa position face aux entreprises pétrolières chinoises
Du côté de son voisin nigérien, l’ambiance est plus tendue puisque le gouvernement a annoncé des mesures drastiques visant la China National Petroleum Corporation (CNPC), principal acteur chinois dans le secteur pétrolier du pays, et Wapco, qui sont impliquées dans l’extraction, le raffinage et l’exportation du pétrole. Parallèlement, l’exploitation d’un hôtel de luxe géré par une société chinoise, le Soluxe International, a été suspendue par le ministère nigérien du Tourisme.
Niamey reproche aux entreprises de ne pas respecter les réformes sur le contenu local et de favoriser une main-d’œuvre étrangère au détriment des nationaux.
Selon les autorités, cette décision s’inscrit dans le cadre de la politique économique du gouvernement qui vise à garantir une répartition plus équitable des bénéfices tirés des ressources naturelles du pays. En effet, le gouvernement critique les écarts de rémunération flagrants entre les cadres chinois et les employés locaux, ainsi que le manque de soutien aux fournisseurs nigériens. Pour elles, ces disparités sont devenues insoutenables, en particulier dans un secteur pétrolier où le pays fait face à une pénurie de carburant.
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L’hôtel Soluxe International, principalement fréquenté par des employés des sociétés pétrolières chinoises, a vu son autorisation d’exploitation révoquée pour des pratiques jugées discriminatoires et des déclarations fiscales non conformes. Ce n’est pas la première fois que les autorités nigériennes s’attaquent aux pratiques des entreprises étrangères, mais cette décision marque un tournant dans l’approche du pays envers des investisseurs étrangers.
Face à la dépendance du Niger vis-à-vis de la raffinerie Soraz pour son approvisionnement en carburant, le gouvernement a renforcé sa politique de contrôle des entreprises pétrolières. Des mesures ont été mises en place pour assurer une plus grande transparence dans la gestion du secteur, avec un accent particulier sur l’augmentation de la participation nationale et la révision des grilles salariales.
Depuis 2023, le régime militaire au pouvoir met en œuvre une stratégie qui vise à réduire la dépendance du pays envers des acteurs étrangers dans les industries stratégiques. Le ministre du Pétrole a notamment évoqué une « nigérisation » des postes de responsabilité dans les entreprises énergétiques, dénonçant une gestion trop centralisée et un accès limité aux informations financières. Le gouvernement cherche ainsi à renforcer la souveraineté économique du pays en garantissant un meilleur contrôle sur ses ressources naturelles.