Un gros chantier à la BAD

L’exercice d’autosatisfaction auquel se sont livrés les participants aux assemblées générales de la Banque africaine de Développement (BAD) à Abidjan s’est fracassé sur un tragique évènement intervenu au même moment : la noyade d’une dizaine de migrants maliens dont l’embarcation a chaviré près des côtes d’une île des Caraïbes, située à 6.000 km de Bamako.
Cette tragédie résume, à elle seule, le désespoir d’une grande partie de la jeunesse africaine. Elle devrait pousser tous les dirigeants et responsables qui étaient à Abidjan, dont ceux de la BAD, à plus de modestie plutôt que de fanfaronner sur « les performances historiques » de l’institution.
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Bien sûr que la Banque africaine de Développement ne peut être tenue pour responsable de l’échec de ses clients. Si des milliers de jeunes africains sont sans perspectives et condamnés au « chômage à durée indéterminée », c’est avant tout de la faute de leurs propres gouvernements. En revanche, la BAD a, au minimum, l’obligation de s’assurer que les prêts qu’elle accorde aux États sont utilisés à bon escient. Ce service après-vente n’est pas suffisamment assuré par la Banque, par crainte d’être accusée de dépassement de fonctions et d’ingérence. Or, c’est aussi sur ce point que s’apprécie l’efficacité de son action, et pas seulement sur l’encours des financements décaissés.
Voilà un chantier ouvert pour le tout nouveau président du groupe de la BAD pour éviter à cette institution le « syndrome Air Afrique ». Quitte à ne pas plaire à tout le monde.