Trahison kenyane

Thomas Sankara disait, en son temps, que « l’ennemi de l’Africain, c’est l’Africain lui-même ». Les faits donnent raison à l’ancien président burkinabé dont les idées continuent d’inspirer la jeunesse du continent, 37 ans après son assassinat par son camarade Blaise Compaoré. Le jeu-trouble auquel se livre actuellement le pouvoir kényan conforte la crainte de Sankara. Nairobi est devenue, en effet, l’épicentre de la déstabilisation de toute la sous-région. Le Kenya, tout en prétendant au statut de médiateur, a offert gites et couverts au « M23 » et à ses parrains rwandais qui sèment la terreur dans la province du Kivu en RDC. C’est dans la capitale kényane qu’a été signé le « pacte d’actionnaires » entre le régime rwandais et ses sbires congolais du M23. Cette hospitalité n’est pas gratuite. En échange, quelques hauts dirigeants kenyans s’enrichissent en participant au blanchiment des minerais congolais que pillent leurs hôtes, Nairobi servant de transit de ce butin vers Dubaï. Ce sont les Renseignements extérieurs américains (CIA) qui l’affirment, et ils détiennent sans doute des informations solides.
Puis, pas plus tard que la semaine dernière, la capitale kényane a servi de rampe de lancement d’un gouvernement parallèle au Soudan, un projet initié par les Forces de soutien rapide (FSR), -une faction dissidente de l’armée- et leurs alliés. Là aussi, c’est pour de l’argent que les dirigeants kenyans agissent comme une organisation mafieuse. Ils devraient recevoir des lingots d’or que volent les FSR dans les régions qui sont sous leur contrôle au Soudan. En réaction, Khartoum a, à juste titre, rappelé son ambassadeur à Nairobi. C’est l’avant-dernière étape avant la rupture des relations diplomatiques.
Par son comportement, le pouvoir kényan trahit la mémoire de Jomo Kenyatta, premier président du Kenya indépendant et ardent défenseur de l’unité africaine.