Tournée africaine de Macron : diplomatie, économie et jeunesse au cœur des priorités

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Tournée africaine de Macron : diplomatie, économie et jeunesse au cœur des prioritésLe président français, Emmanuel Macron © DR
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Cinq jours, quatre pays et un objectif clair : Emmanuel Macron veut redessiner les relations de la France avec l’Afrique, au service du développement et de la jeunesse.

Le président français, Emmanuel Macron, a entamé jeudi 20 novembre une tournée africaine de cinq jours, qui le conduira successivement à l’île Maurice, en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola. Cette visite, qui inclut sa participation au sommet du G20 à Johannesburg et au sommet Union européenne–Union africaine à Luanda, s’inscrit dans une volonté de renouveler les partenariats avec le continent, de soutenir la jeunesse et l’économie, et de renforcer la coopération après les difficultés rencontrées par la France au Sahel.

Île Maurice : coopération et sécurité dans l’océan Indien

La première étape de cette tournée a conduit Emmanuel Macron à Port-Louis, capitale de l’île Maurice. Cette visite du président français est d’ailleurs la première depuis 1993 et celle de François Mitterrand. 

Avec un peu plus de 1,2 million d’habitants, l’île Maurice est considérée comme une « success story » économique dans l’océan Indien. Jadis centrée sur la culture de la canne à sucre, l’île s’est diversifiée vers le tourisme et les services financiers, bien que des fragilités économiques se soient accumulées ces dernières années.

À l’occasion, le président français a rencontré le premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, pour renforcer la coopération entre leurs deux pays, notamment en matière de sécurité maritime et de surveillance aérienne. « Nous avons convenu d’unir davantage nos forces pour répondre ensemble aux enjeux les plus importants pour nos deux pays et pour la région », a expliqué Macron. La France, qui mobilise 1.600 militaires dans la zone, souhaite faire face aux trafics croissants de drogue, à la pêche illégale et à l’immigration clandestine.

L’Agence française de développement (AFD) a également signé des accords pour sécuriser le réseau électrique mauricien face aux aléas climatiques et moderniser le secteur de l’eau, pour lequel un prêt de 200 millions d’euros avait déjà été accordé en 2023. 

Madagascar : soutien à la transition et à la jeunesse

Lors de cette étape, Emmanuel Macron a également abordé la situation à Madagascar, secouée depuis le coup d’État d’octobre dernier. Le colonel Michaël Randrianirina a été investi président après la fuite de l’ex-président Andry Rajoelina, et le pays a été traversé par un mouvement de contestation soutenu par la jeunesse.

« Nous avons pris acte de la volonté des nouvelles autorités de répondre aux aspirations de la jeunesse, qui s’est exprimée avec force et dignité et que nous devons accompagner, et de fixer un horizon temporel limité à la transition permettant d’aller vers l’organisation d’élections dans un délai raisonnable », a affirmé le président français. Il a ajouté que la France était prête à « accompagner cette transition avec une attitude d’ouverture, le soutien en priorité des Malgaches, en particulier s’agissant du développement économique, de la jeunesse, de l’énergie, de la lutte contre la corruption et de l’enrichissement illicite ».

Le premier ministre mauricien a, lui aussi, souligné son soutien à ces efforts : « Nous souscrivons entièrement aux efforts de la France, à la démarche de l’Union européenne et aux appels lancés par l’Union africaine et la SADC pour que la situation se stabilise le plus rapidement possible et surtout pour la jeunesse malgache et pour un retour à la démocratie ».

Afrique du Sud et Gabon : diplomatie, économie et transitions

Demain, vendredi 22 novembre, Emmanuel Macron s’envolera pour l’Afrique du Sud pour une visite bilatérale et pour participer au sommet du G20, le premier organisé sur le continent africain, à Johannesburg. Lors de cette étape, il visitera le mémorial de la lutte contre l’apartheid à Pretoria et rencontrera le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Ce sommet, marqué par l’absence des États-Unis, offrira à Emmanuel Macron l’occasion de promouvoir des partenariats économiques et de lancer un conseil d’affaires franco-sud-africain, sur le modèle de celui existant avec le Nigeria. Il pourrait également s’entretenir avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, en signe de rapprochement après la libération de l’écrivain Boualem Sansal.

Cette visite reflète la volonté de la France de renforcer ses liens avec les pays anglophones du continent, tout en maintenant un dialogue direct avec la jeunesse et la société civile africaine, dans un contexte où l’influence française a reculé dans plusieurs régions.

Lire aussi : G20 à Johannesburg : l’Afrique du Sud défie le boycott américain 

Le lendemain, à savoir le 23 novembre, Emmanuel Macron se rendra au Gabon pour rencontrer le président Brice Clotaire Oligui Nguema, élu après le coup d’État de 2023 qui a mis fin à la dynastie Bongo. L’Élysée souligne que la France veut « saluer le parachèvement de la transition » et soutenir les nouvelles autorités.

Malgré la rente pétrolière, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, et l’économie reste fragile. Les entreprises françaises espèrent ainsi contribuer à la diversification, notamment dans l’exploitation minière. 

Angola : sommet UE-UA et projets d’infrastructure

La tournée s’achèvera le 24 novembre en Angola, où Macron participera au sommet Union européenne–Union africaine à Luanda. Un événement qui permettra de faire le bilan du programme « Global Gateway », lancé par l’Union européenne pour accélérer les transitions numérique, énergétique et écologique dans les pays émergents et en développement.

En Angola, 50 millions d’euros seront consacrés au renforcement des chaînes de valeur agricoles du corridor de Lobito, un projet ferroviaire et d’infrastructure de 1.300 km reliant le port de Lobito aux zones minières de la République démocratique du Congo et de la Zambie. À l’échelle africaine, 150 milliards d’euros sont prévus pour soutenir les infrastructures.

À chaque étape, Emmanuel Macron met en avant la notion de partenariat « gagnant-gagnant » : soutenir les entreprises françaises tout en promouvant le développement économique et la jeunesse des pays africains. Cette tournée s’inscrit dans un contexte de recul de l’influence française dans son ancien pré carré africain, confronté à l’essor de la Chine, de l’Inde et de la Russie.

La France cherche à réaffirmer sa présence stratégique dans le sud-ouest de l’océan Indien, à promouvoir des solutions économiques partagées, et à soutenir les transitions politiques et sociales dans des pays comme Madagascar et le Gabon.

Emmanuel Macron mise ainsi sur cette tournée pour construire de nouvelles dynamiques, renforcer les liens historiques et économiques avec le continent, et réaffirmer l’engagement français envers la jeunesse et le développement africain.

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