Totalement déconnectée

Le sommet de l’Union africaine (UA) qui se tient ce week-end à Addis-Abeba est un nouveau rendez-vous pour rien, sauf peut-être pour le fastueux dîner de gala de clôture. De cette Conférence, les peuples africains n’attendent rien, et ils ont raison. Mille fois raison. L’UA est impuissante face aux métastases de conflits sur le continent, au terrorisme qui décime les populations au Sahel avec la complicité tacite de services secrets de certains États représentés à Addis-Abeba. C’est grâce à cette connivence – les chancelleries le savent, mais se taisent – que ces groupes terroristes font soigner leurs blessés dans des hôpitaux de ces pays d’où ils s’approvisionnent par ailleurs en carburants.
La même Union africaine se refuse à condamner les traitements dégradants infligés aux migrants subsahariens en Libye, en Tunisie et en Algérie, des migrants privés de toute humanité. De même, au nom du principe imbécile de « non-ingérence dans les affaires intérieures », la même UA reste passive face aux massacres perpétrés au Soudan par une faction dissidente de l’armée, qui reçoit armes et munitions d’un pays arabe du Golfe.
En plus de ne servir à rien, cette Organisation est complètement déconnectée des peuples avec un étrange sens des priorités. C’est ainsi qu’elle a fait de la création d’une agence de notation financière une priorité à concrétiser au deuxième semestre de cette année, « afin de répondre aux préoccupations des Etats africains face aux évaluations arbitraires des agences Fitch Ratings, Moody’s et S&P Global Ratings ». Ces trois agences sont accusées d’évaluer avec un biais négatif le risque de crédit des pays africains. Ce qui a pour effet de renchérir le coût de leur financement, voire de leur fermer l’accès au marché. Cette ânerie figure dans le rapport que vient de publier le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Encore une idée bidon qui ne changera rien à la perception du risque des pays africains. L’UA serait inspirée de s’attaquer aux causes de la fièvre plutôt que de s’en prendre au thermomètre.