Soudan : l’épidémie de choléra fait au moins 40 morts

Médecins sans frontières (MSF) annonce qu’au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l’ouest du Soudan, victimes de la plus grave épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années. Dans cette région ravagée par la guerre civile, les équipes de MSF ont déjà soigné plus de 2.300 patients atteints de cette maladie diarrhéique aiguë, transmise par l’eau et les aliments contaminés.
Depuis juillet 2024, près de 100.000 cas ont été recensés à travers le Soudan, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’Unicef estime que plus de 640.000 enfants de moins de cinq ans sont désormais menacés dans le seul État du Darfour-Nord, théâtre d’intenses combats entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) autour de la ville stratégique d’El-Fasher.
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L’acheminement de l’aide humanitaire est gravement entravé par les affrontements, qui bloquent les routes et paralysent la logistique. La saison des pluies, qui s’intensifie en août, risque d’aggraver encore la propagation de la maladie. La situation est particulièrement alarmante à Tawila, où des centaines de milliers de déplacés se sont réfugiés après l’attaque du camp de Zamzam en avril.
Selon MSF, les habitants ne disposent que de 3 litres d’eau par jour, soit moins de la moitié du minimum vital de 7,5 litres fixé par l’OMS pour couvrir les besoins en boisson, cuisine et hygiène. L’absence d’installations sanitaires pousse les enfants à déféquer en plein air, accroissant les risques de contamination.
Une crise humanitaire sans précédent
À Tawila, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés depuis avril. Le manque d’eau potable pousse certaines familles à puiser dans des sources dangereuses. « Il y a deux semaines, un corps a été retrouvé dans un puits. Deux jours plus tard, les habitants étaient contraints de boire à nouveau cette eau », rapporte Sylvain Pénicaud, coordinateur de MSF.
Depuis le déclenchement de la guerre en avril 2023, le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, provoqué des déplacements massifs et entraîné ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ».