RDC : le M23 progresse, Tshisekedi absent du sommet de Nairobi

Depuis quelques jours, les projecteurs sont braqués sur la République Démocratique du Congo (RDC), où les combats font rage dans l’est du pays, plus précisément dans le Nord-Kivu, entre les forces armées congolaises (FARDC) et le groupe armé M23 (Mouvement du 23 mars). Ce groupe serait soutenu par le Rwanda, une accusation que Kigali nie, affirmant qu’il s’agit d’un problème congolais.
Pendant que chacun peaufine son narratif, la situation humanitaire se dégrade de plus en plus. Les affrontements ont provoqué des déplacements massifs de population vers Goma, capitale du Nord-Kivu. Cette ville, qui compte un million d’habitants, accueille désormais un nombre similaire de déplacés, fuyant les combats et trouvant refuge dans les camps proches des zones de conflit.
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Goma est paralysée : les commerces sont fermés, il y a des pénuries d’eau et d’électricité, et les produits de première nécessité sont difficiles à trouver. Et, comme si cela ne suffisait pas, Goma est tombée dans l’escarcelle du M23. Dans la journée de mardi, seuls les combattants du M23 et leurs alliés restaient finalement visibles, renforçant l’impression d’une chute imminente de la localité. L’aéroport est tombé. Le siège du gouvernement provincial a été pris. Des soldats congolais ont fui, tandis que d’autres se sont débarrassés de leur uniforme pour éviter la capture, rapporte l’AFP.
Des ambassades attaquées à Kinshasa
Au même moment, à Kinshasa, la colère de la population a débordé mardi, avec des attaques contre plusieurs ambassades, dont celle du Rwanda, accusé par les autorités congolaises d’avoir « déclaré la guerre », mais aussi contre celles de la France, de la Belgique et des États-Unis, critiqués pour leur inaction face à la crise. Le ministre français des Affaires étrangères a qualifié ces attaques d’« inadmissibles ». Elles ont également été condamnées par l’Union européenne et ont conduit les États-Unis à recommander à leurs ressortissants de quitter la RDC. D’ailleurs, certaines compagnies aériennes ont suspendu temporairement leurs vols vers Kinshasa.
La situation a également impliqué des forces internationales, avec la mort de 17 soldats de la force régionale d’Afrique australe (Samirdc) et de la mission onusienne (Monusco). L’ONU, la Chine, l’Union européenne et les États-Unis ont appelé à un cessez-le-feu et au retrait des forces rwandaises. Les États-Unis, en particulier, ont exprimé leur préoccupation face à l’escalade du conflit et ont condamné l’assaut du M23 sur Goma. Le président rwandais, Paul Kagame, a salué une « conversation productive » avec les États-Unis sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une résolution des causes profondes du conflit.
Les deux présidents absents au sommet de l’EAC
Pour apaiser les tensions, le président kenyan William Ruto avait convoqué ses homologues de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame. Cette rencontre devait permettre de dénouer une nouvelle crise dans la région frontalière de Goma, en RDC, secouée depuis trente ans par des violences entre groupes armés. Mais le président de la RDC n’y participera pas. Selon les services de communication congolais, Félix Tshisekedi n’assistera pas au sommet des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), pas plus que le président rwandais, si l’on se fie à son ambassadeur itinérant pour les Grands Lacs, Vincent Karega.
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Pour rappel, depuis la fin de l’année 2021, le M23, soutenu par ses alliés, a pris le contrôle de vastes territoires dans la province du Nord-Kivu et y a instauré une administration parallèle. Goma avait déjà été brièvement occupée par le M23 à la fin de 2012, avant que le mouvement ne soit militairement vaincu l’année suivante.
Kinshasa accuse Kigali de vouloir exploiter les richesses naturelles de la région, tandis que le Rwanda, qui rejette ces accusations, dénonce la présence de groupes hostiles sur le territoire congolais. Par ailleurs, la résurgence du M23 en 2021 résulte en partie d’une rivalité entre le Rwanda et l’Ouganda autour des ressources de la région.