Mozambique : les émeutes post-électorales font 125 morts en trois jours

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Mozambique : les émeutes post-électorales font 125 morts en trois joursIllustration. DR

Après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, les militants de l’opposition ont envahi les rues de Maputo et des grandes villes du Mozambique pour manifester contre les résultats qui confirment la victoire du parti au pouvoir. Alors que plusieurs irrégularités ont été notées par les observateurs internationaux et les membres de la commission électorale, la justice a estimé qu’elles n’avaient pas d’impact sur les résultats, déclenchant au passage une révolte populaire.

Il faut se résoudre à l’idée que nous ne serons pas tous des Ghanéens. Après la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle. Les militants de l’opposition sont descendus dans les rues pour contester le verdict. Selon la Cour, les irrégularités commises lors de l’élection n’ont pas influencé les résultats. C’est ainsi qu’elle a désigné Daniel Chapo, du parti au pouvoir, vainqueur avec 65,17% des voix contre 24,29% pour l’opposant Venâncio Mondlane. Mais ce résultat ne passe pas auprès d’une bonne partie de la population qui ont décidé de battre macadam contre le frelimo qui est aux affaires depuis 1975.

Après 24h de manifestation, le gouvernement a dénombré 21 morts avec les émeutes à la clé dans plusieurs grandes villes. Selon Plataforma Decide, une ONG à la réputation sérieuse et dont les décomptes sont repris régulièrement par Amnesty International et d’autres ONG internationales, a comptabilisé un total de 125 morts sur l’ensemble du pays.

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L’ONG indique que le bilan depuis le début des manifestations qui ont suivi le scrutin du 9 octobre, est de 252 morts. Ce chiffre rappelle les années sombre que ce pays de l’Afrique australe a vécu avec une guerre civile.

Elle précise que la plupart des décès ont été comptabilisés autour de Maputo, les provinces du nord notamment Nampula où l’opposition est forte, ainsi qu’autour de Beira (centre), la deuxième ville du pays.

De leurs côtés, la police et les autorités confirment rarement les bilans, se contentant le plus souvent d’informations parcellaires. Cependant, le chef de la police a annoncé l’évasion de 1500 détenus de la grande prison de haute sécurité de la capitale Maputo. Elle a fait 33 morts parmi les prisonniers évadés dans des affrontements avec les gardiens. S’agissant des personnes arrêtées à l’issue des manifestations, Decide estime qu’ils sont plus de 4000 personnes depuis octobre, dont 137 sur les trois derniers jours.

L’opposition appelle la population à manifester pour dénoncer une élection «volée»

Comme pour mettre de l’huile sur le feu, l’opposition par la voix de l’ancien commentateur de la télévision, Venancio Mondlane, a appelé à manifester pour dénoncer manifester cette élection qu’elle estime «volée».

Depuis l’étranger, ce dernier a accusé les forces de l’ordre de laisser les pillages et le vandalisme prospérer pour donner au pouvoir un prétexte pour déclarer l’état d’urgence et écraser la contestation.

Le candidat malheureux soutient que les manifestations visent le Conseil constitutionnel, la commission électorale, «le parti FRELIMO lui-même, qui sont les responsables de la fraude» électorale. Tout en revendiquant la victoire dans l’un de ses nombreux messages diffusés sur les réseaux sociaux.

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Face aux attaques visant des commerces et des infrastructures dans les grandes villes, l’opposant âgé de 50 ans accuse la police de rester inerte. Selon lui, cette inaction «encourage presque les gens à attaquer pour voler».

Il affirme également que les forces de sécurité et de défense commettent des agressions et des vols, contribuant ainsi à aggraver le chaos.

«Il est évident que ces actes de vandalisme sont liés à un plan déjà élaboré, déjoué auparavant, qui visait à déclarer l’état d’urgence. Ce plan n’a pas fonctionné, mais le pouvoir tente maintenant de le mettre en œuvre différemment», a-t-il ajouté.

Jeudi, certaines barricades sur les grands axes de Maputo et de la ville voisine de Matola avaient été enlevées, mais de nombreuses autres restaient en place, rendant la circulation difficile. Dans le centre de la capitale, quelques supermarchés ont ouvert pour une demi-journée. Les banques, qui avaient annoncé leur réouverture, sont finalement restées fermées.

Plusieurs stations-service ont également ouvert, mais elles ont dû fermer rapidement, faute de ravitaillement en raison des perturbations dans le transport par camions-citernes.

Le Mozambique se doit de trouver une solution au plus vite pour sortir de cette situation car le pays a été récemment frappé la semaine dernière par le cyclone Chido qui a fait plusieurs morts des milliers de population impactés.

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