Madagascar : le mouvement GenZ exprime son ras-le-bol

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Madagascar : le mouvement GenZ exprime son ras-le-bolDes manifestants malgaches à Antsiranana brandissent le drapeau national et une banderole appelant le président Andry Rajoelina à partir, à Antananarivo le 1er octobre 2025. © Fita, AFP

Madagascar vit, depuis plus d’une semaine, au rythme d’une contestation inédite menée par la Génération Z. Née sur les réseaux sociaux, la révolte contre les coupures d’eau et d’électricité s’est muée en crise politique majeure, malgré la dissolution du gouvernement, avec des syndicats désormais en première ligne et un président qui dénonce une tentative de coup d’État. Les détails.

Depuis le 25 septembre, Madagascar traverse une crise politique et sociale sans précédent. À l’origine des manifestations, la Génération Z, mobilisée sur les réseaux sociaux, dénonce les coupures d’eau et d’électricité, mais aussi une gouvernance jugée défaillante. Le mouvement, réprimé dans la violence, prend de l’ampleur malgré la dissolution du gouvernement.

Une révolte née de la pénurie et amplifiée par les réseaux sociaux

La contestation malgache s’inscrit dans une dynamique déjà observée au Népal et aux Philippines : une mobilisation de jeunes, en dehors des structures syndicales et politiques traditionnelles, nourrie par les réseaux sociaux. Baptisé « Leo Délestage », le mouvement a démarré le 25 septembre à Antananarivo pour dénoncer les délestages et les coupures d’eau qui paralysent le quotidien des habitants depuis des années.

Malgré l’interdiction des autorités, des milliers de jeunes ont manifesté dans la capitale et dans d’autres grandes villes comme Antsirabé et Toamasina. La réponse des forces de l’ordre a été brutale : tirs de balles en caoutchouc, usage massif de gaz lacrymogènes et arrestations. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, au moins 22 personnes ont perdu la vie et plus de 100 ont été blessées, un bilan contesté par le gouvernement. Les violences et les pillages ont aggravé la tension, poussant les autorités à instaurer un couvre-feu.

https://www.youtube.com/watch?v=9G2FXraC-pE

Lire aussi : Madagascar : cinq morts en 24 heures de manifestations

 

 

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Madagascar : dissolution du gouvernement

Sous pression, le président Andry Rajoelina a annoncé le 29 septembre la dissolution de son gouvernement, y compris le premier ministre Christian Ntsay, en poste depuis 2018. Les ministres sortants assurent désormais les affaires courantes en attendant la formation d’un nouvel exécutif. Mais cette mesure n’a pas suffi à calmer la rue.

Dès le lendemain, des milliers de manifestants ont envahi des quartiers centraux d’Antananarivo jusque-là inaccessibles, réclamant désormais non seulement la démission du gouvernement mais aussi celle du président. Le 1er octobre, la Solidarité syndicale malgache, qui regroupe une cinquantaine de syndicats, a rejoint le mouvement et appelé à une grève générale. Enseignants, soignants et fonctionnaires réclament une augmentation des salaires gelés depuis 2022 et le respect des libertés syndicales et d’expression.

Cette jonction entre la jeunesse et les travailleurs marque un tournant : la contestation dépasse le simple cadre des coupures d’eau et d’électricité pour devenir un mouvement national contre la gouvernance du pays.

https://www.youtube.com/watch?v=G-cMHMEqVno

Rajoelina dénonce une « tentative de coup d’État »

Face à l’ampleur des protestations, le président Rajoelina a dénoncé, ce vendredi 3 octobre, une « tentative de coup d’État » orchestrée, selon lui, par une frange de l’opposition manipulant la jeunesse. Dans une allocution diffusée sur Facebook, il a évoqué des « cyberattaques », des « robots » et des financements étrangers visant à l’évincer du pouvoir. Ces déclarations, jugées déconnectées par de nombreux jeunes, ont suscité l’ironie sur les réseaux sociaux.

La Génération Z rejette l’accusation de manipulation, affirmant au contraire porter les frustrations de tout un peuple. « Il nous infantilise », a déclaré un manifestant à RFI. « C’est comme s’il refusait d’admettre que nous sommes capables de penser par nous-mêmes ».

La communauté internationale, par la voix de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine, appelle à la retenue et au dialogue. Mais la colère reste vive, alimentée par la crise énergétique et hydrique, les inégalités sociales et la méfiance croissante envers un pouvoir accusé de nier les réalités.

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