Le Togo envisage d’intégrer l’Alliance des Etats du Sahel

Le ministre du Togo des Affaires étrangères, Robert Dussey, a annoncé que son pays envisage d’intégrer l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dirigés par des régimes militaires prônant une politique souverainiste. Il a déclaré sur les réseaux sociaux que l’adhésion du Togo à l’AES « était une décision stratégique qui pourrait renforcer la coopération régionale et offrir un accès à la mer aux pays membres ».
L’importance de cet accès est cruciale pour l’approvisionnement du Burkina Faso, du Mali et du Niger, d’autant plus que leurs relations avec la Côte d’Ivoire et le Bénin sont tendues. Ces derniers sont accusés d’être des pro occidentaux. Face à cela, l’AES privilégie désormais les ports de Lomé et de Tema (Ghana) pour ses échanges commerciaux.
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Selon l’analyste politique Madi Djabakate, interrogé par l’AFP, cette adhésion pourrait offrir au Togo un accès au pétrole nigérien, de nouvelles routes commerciales, ainsi qu’une coopération militaire renforcée avec un partage des renseignements. Le nord du Togo, voisin du Burkina Faso, est particulièrement exposé aux attaques jihadistes, et la future force commune de l’AES, composée de 5.000 hommes, pourrait être un atout sécuritaire.
En parallèle, Lomé se rapproche des régimes sahéliens dans une dynamique panafricaniste marquée par un rejet de l’influence occidentale et un rapprochement avec des partenaires comme la Russie. Ce positionnement politique pourrait aussi servir les intérêts du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, en renforçant son image auprès d’une opinion publique de plus en plus favorable au panafricanisme.
Toutefois, cette éventuelle adhésion suscite des critiques internes. L’opposition et la société civile dénoncent une stratégie destinée à pérenniser le régime en échappant aux exigences démocratiques de la CEDEAO, dont le Togo est membre. Certains observateurs estiment qu’une intégration à l’AES affaiblirait davantage cette organisation régionale, déjà fragilisée par le départ des pays sahéliens.
Ainsi, le Togo tente d’équilibrer ses alliances, cherchant à concilier son ancrage à la CEDEAO avec une ouverture vers l’AES, dans une stratégie pragmatique visant à maximiser ses intérêts économiques et politiques.