Le Niger nationalise la société française d’uranium Orano

Le bras de fer entre le Niger et la France prend un nouveau tournant. Ce jeudi, les autorités nigériennes ont décidé de nationaliser la société minière Somaïr, filiale du groupe français Orano, anciennement Areva. La décision a été rendue publique lors du compte rendu du conseil des ministres, diffusé par la télévision nationale. Le régime militaire, au pouvoir depuis 2023, justifie ce geste par le comportement « irresponsable, illégal et déloyal » d’Orano, entreprise détenue à 90% par l’État français, qualifié d’« ouvertement hostile » au Niger.
Cette nationalisation entraîne le transfert complet des actions et du patrimoine de Somaïr à l’État nigérien, avec la promesse d’une indemnisation pour les actionnaires. Orano, présent au Niger depuis 1971, perd ainsi le contrôle de l’un de ses actifs stratégiques dans une région où le groupe exploitait de l’uranium.
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Le contentieux entre Niamey et Orano s’est aggravé depuis décembre 2024, date à laquelle le groupe français avait perdu le contrôle opérationnel de ses trois filiales nigériennes : Somaïr, Cominak (fermée en 2021) et le gisement d’Imouraren, l’un des plus importants au monde avec 200 000 tonnes de réserves. En juin 2024, le Niger avait déjà retiré à Orano son permis d’exploitation à Imouraren. Le groupe avait alors entamé plusieurs procédures d’arbitrage international.
Vers un tournant souverainiste
Le climat de tension s’est accentué à la mi-mai, lorsqu’Orano a signalé être sans nouvelles de son directeur local après une perquisition des forces de sécurité, avec saisie de matériel. Cette situation illustre un virage souverainiste assumé par la junte, qui a également exigé le départ des travailleurs chinois du secteur pétrolier, accusant leur entreprise de ne pas respecter les lois locales.
Sur le plan géopolitique, Niamey a tourné le dos à ses anciens alliés occidentaux en expulsant les forces militaires françaises et américaines, tout en se rapprochant de la Russie et de l’Iran. Dans ce contexte, 1.300 tonnes d’uranium, d’une valeur de 250 millions d’euros, restent bloquées au Niger, symbolisant une rupture profonde avec l’ancien partenaire français.