Le contre-exemple

Le président camerounais Paul Biya, 92 ans, qui s’apprête à se faire réélire ce dimanche 12 octobre, est la parfaite caricature de ces dirigeants africains qui assimilent leur pays à leur propriété privée. Cet homme qui aura passé au total 51 ans au pouvoir au terme de son huitième mandat (il aura alors 100 ans), s’est payé le luxe de ne pas faire campagne, il est vrai, face à une opposition dynamitée par les fractures ethniques.
Fatigué, malgré le déni de ses courtisans, Paul Biya n’aura fait qu’une seule apparition en public mardi dernier à Maroua, une ville du nord du pays. Autant dire qu’il y a zéro suspens sur l’issue du scrutin de ce dimanche.
Durant son seul meeting électoral, le « patriarche » a concédé à ses concitoyens la dégradation de services de base comme les routes et l’électricité. Après 43 ans au pouvoir quand même ! « Je suis bien conscient des problèmes qui vous préoccupent, je peux vous assurer que ces problèmes ne sont pas insurmontables », a-t-il lancé au public.
Le plus choquant est que le candidat-président ait financé sa campagne par l’argent du contribuable camerounais. Toute l’administration du pays et les chefs coutumiers se sont chargés du « travail ». Gare au responsable qui n’aura pas « mouillé le maillot » car il pourrait être exclu de la table du dîner de la victoire. Douze candidats, plutôt des figurants, sont en lice pour cette présidentielle camerounaise qui se joue à un tour du scrutin. Encore une combine du puissant appareil du système Biya.