La débâcle de l’ANC

Les chiffres de l’emploi publiés en début de semaine (ndlr : mardi 13 mai) par l’Institut des statistiques sud-africain, Stats SA, font froid dans le dos. Le taux de chômage des 15-24 ans explose tous les records, à 62,4%. C’est 25 points de plus que le niveau qu’affiche le Maroc. Et encore, ce chiffre n’intègre pas les « décrocheurs », c’est-à-dire les demandeurs d’emploi « fatigués » de chercher du travail et qui se sont retirés du marché.
Les 15-24 ans représentent plus d’un 1/4 de la population (27,5%), soit 17,33 millions de personnes plongées dans la précarité et, pour la plupart, sans aucune perspective à l’horizon. Ce phénomène des « NEET », Not in Employment, Education or Training, désigne des millions de jeunes qui ne sont ni aux études, ni en emploi, ni en formation. Il s’agit d’une bombe à retardement pour ce pays, et alimente la criminalité dont il détient le triste record mondial.
Le chômage endémique qui frappe les jeunes sud-africains est la seule « réussite » de l’ANC en 30 ans de pouvoir à la tête du pays. Ce parti, connu pour son hostilité maladive envers le Maroc, est miné par des scandales de corruption et, moins connu, par des divisions ethniques entre Xhosa et Zoulous. Selon une « division du travail » pendant la lutte contre le régime d’apartheid, les Xhosa, plus éduqués, assuraient le pilotage du parti tandis que les Zoulous étaient chargés du combat sur le terrain. Ces derniers s’estiment encore aujourd’hui mal « récompensés » de leur sacrifice. C’est l’autre bombe qui peut exploser à tout moment dans ce pays.
Au chômage de masse et l’explosion des inégalités, l’ANC a également, à son « actif », la dégradation des infrastructures du pays, un déficit illustré, entre autres, par des coupures d’électricité récurrentes. La rente de la lutte contre l’apartheid ne suffit plus à convaincre les électeurs noirs. Après un sévère avertissement aux législatives de 2024, il y a de fortes chances que l’ANC fasse ses valises à la prochaine échéance électorale. Il l’aura mérité.