Kenya : Nairobi reconnaît son implication dans l’enlèvement d’un opposant ougandais

Le gouvernement kényan est au cœur d’une controverse après avoir reconnu par la voix de son ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi, avoir « coopéré avec les autorités ougandaises » dans l’enlèvement de Kizza Besigye. Ce dernier, figure emblématique de l’opposition ougandaise, a été capturé en novembre 2024 sur le sol kényan, puis discrètement transféré à la frontière ougandaise, sans décision judiciaire préalable.
Ancien médecin personnel du président Yoweri Museveni, Besigye, 68 ans, s’est rangé aux côtés de l’opposition il y a un quart de siècle. Depuis, il est la cible récurrente du pouvoir de Kampala. Accusé de complot armé visant à renverser le gouvernement, il risque désormais la peine capitale. Actuellement détenu en Ouganda, il a entamé une grève de la faim de dix jours pour dénoncer une « détention illégale ».
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Cette affaire a suscité un tollé dans les milieux juridiques et politiques d’Afrique de l’Est. L’avocate de Besigye, Martha Karua, ancienne ministre de la Justice kényane, a vivement condamné des « arrangements hors la loi » entre États qu’elle qualifie de « voyous ». Elle-même a été expulsée de Tanzanie, le 18 mai, alors qu’elle tentait d’assister, en tant qu’observatrice, au procès d’un opposant tanzanien.
Ce scandale met en lumière les dérives autoritaires croissantes dans la région et soulève de vives inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux. La collaboration entre États pour museler les voix dissidentes, en contournant les procédures légales, alimente les craintes d’un recul démocratique généralisé en Afrique de l’Est.