Emmanuel Macron reconnaît « le rôle et la responsabilité de la France » dans la « guerre » au Cameroun

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Emmanuel Macron reconnaît « le rôle et la responsabilité de la France » dans la « guerre » au CamerounLe président français, Emmanuel Macron, et le président camerounais, Paul Biya, au palais de l'Élysée, à Paris, le 11 novembre 2019. © Ludovic Marin, AFP

Le président Emmanuel Macron a officiellement reconnu que la France avait mené « une guerre » au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels, avant et après l’indépendance de 1960. Dans un courrier daté du 30 juillet et adressé à son homologue camerounais Paul Biya, rendu public mardi 12 août, le président français a endossé les conclusions d’un rapport d’historiens remis en janvier. Ce document de plus de 1.000 pages conclut clairement que « les autorités coloniales et l’armée française ont exercé des violences répressives de nature multiple » et que ces actions se sont poursuivies après l’indépendance, avec l’appui de Paris aux autorités camerounaises.

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En employant à plusieurs reprises le terme « guerre », jusque-là absent du discours officiel français sur le Cameroun, Emmanuel Macron affirme assumer « le rôle et la responsabilité » de la France dans ces événements. Cette reconnaissance s’inscrit dans la continuité des démarches mémorielles déjà entreprises par le chef de l’État au sujet du génocide des Tutsi au Rwanda ou de la guerre d’Algérie, dans l’espoir de renouveler les relations franco-africaines. Toutefois, cette initiative intervient alors que l’influence française sur le continent, notamment au Sahel, est fragilisée.

Le rapport, fruit du travail d’une commission franco-camerounaise créée en 2022 et dirigée par l’historienne Karine Ramondy, met en lumière une répression politique, militaire, diplomatique et judiciaire particulièrement sévère, ciblant en premier lieu les militants de l’Union des populations du Cameroun (UPC).

Des violences massives et un lourd bilan humain

Sous couvert de « pacification », la France aurait déplacé des populations entières vers des camps de regroupement. Entre 1955 et 1958, 2.000 personnes furent condamnées par la justice, tandis que d’autres furent emprisonnées arbitrairement ou torturées. Les archives révèlent aussi des violences spécifiques envers les femmes, y compris des femmes enceintes.

Selon les chiffres officiels de l’époque, entre 1956 et 1962, au moins 7.500 « combattants » auraient été tués par l’armée française. Mais ces données, largement sous-estimées, ne comptabilisent ni les civils ni les blessés décédés ultérieurement. Pour Karine Ramondy, le bilan le plus plausible se chiffre en dizaines de milliers de morts.

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