Dramatique recul

De Dar es-Salam à Abidjan en passant par Yaoundé et Entebbe (Ouganda), l’élection présidentielle se transforme en un rendez-vous à haut risque. Comme souvent sur le continent, le régime en place « s’arrange » en recourant à toute sorte d’artifices pour évincer les concurrents les plus menaçants, et s’assurer ainsi une victoire bidon. Soit c’est la justice qui est instrumentalisée pour neutraliser le candidat de l’opposition, soit c’est une Commission électorale soi-disant indépendante qui se charge du sale boulot. C’est le retour de « grands timoniers » indéboulonnables et un dramatique recul de la démocratie.
Maurice Kamto, le principal opposant à Paul Biya au Cameroun, Tidjane Thiam, leader du PDCI, le parti historique fondé par Houphouët Boigny en Côte d’Ivoire, Bobi Win, chef de l’opposition ougandaise et Tundu Lissu en Tanzanie, ne pourront pas défendre leurs chances au scrutin présidentiel.
Si Paul Biya et Alassane Ouattara ne sont pas allés jusqu’à jeter leurs opposants en prison, c’est cette option qui a été choisie par les pouvoirs tanzanien et ougandais. Tundu Lissu (Tanzanie) et Bobi Win (Ouganda) croupissent derrière les barreaux.
Contrairement à ce que prétendent leurs partisans, si ces régimes déploient tant d’énergies pour écarter leurs opposants, c’est qu’ils ne sont pas sûrs de l’emporter. Et qu’ils redoutent le résultat d’une élection régulière et loyale. A Addis-Abeba, l’Union africaine (UA) dont la charte prône une « démocratie loyale et inclusive », se terre dans un silence gêné face à ces manipulations. Un des lieutenants de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a résumé à sa manière, ces rendez-vous électoraux au résultat joué d’avance : « même si Jésus était candidat avec St-Pierre comme directeur de campagne, il ne peut pas gagner cette présidentielle dans les conditions actuelles ».