Côte d’Ivoire : les trois principaux opposants exclus de la liste électorale

À quelques mois de la présidentielle du 25 octobre, la Commission électorale indépendante (CEI) a dévoilé la liste électorale provisoire. Elle est composée de 8,7 millions d’électeurs dont 969 000 nouveaux inscrits. Cependant, les trois figures de l’opposition ivoirienne n’y figurent pas : il s’agit de l’ancien président Laurent Gbagbo, de Charles Blé Goudé et de Guillaume Soro.
Leur radiation est consécutive à des condamnations pénales. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été condamnés à vingt ans de prison pour des faits liés à la crise post-électorale de 2010-2011. Même si ces derniers ont été acquittés par la justice internationale et rentrés en Côte d’Ivoire en 2021 et 2022, ils demeurent exclus de la liste électorale, faute d’amnistie présidentielle. Quant à l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro, en exil depuis 2019, il a été condamné à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
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Cette situation suscite de vives contestations. « Nous allons épuiser toutes les voies de recours pour rétablir Laurent Gbagbo sur la liste », a déclaré Sébastien Dano Djedje, responsable du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) à l’AFP. Le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) dénonce aussi une tentative du pouvoir de sélectionner ses adversaires politiques.
Il faut rappeler que l’histoire ivoirienne a été marquée par des violences électorales, notamment lors de la crise de 2010-2011. Elle a causé plus de 3.000 morts, et lors de la présidentielle de 2020, 85 personnes ont été tuées dans des violences en marge de l’élection.
La Commission électorale indépendante se défend
Pour sa part, l’opposition accuse régulièrement la Commission électorale indépendante (CEI) d’être inféodée au pouvoir. Le président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, assure pourtant appliquer strictement les lois.
La liste électorale définitive sera publiée en juin. Pendant ce temps, des figures de l’opposition, comme Tidjane Thiam, Pascal Affi N’Guessan et Simone Gbagbo, poursuivent leurs préparatifs. Une coalition incluant Thiam, Blé Goudé et Affi N’Guessan plaide pour un dialogue politique, sans envisager de candidature commune.
Pour ce qui est du président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, il n’a pas encore annoncé s’il briguera un quatrième mandat, bien qu’il ait exprimé en janvier son souhait de « continuer à servir son pays ».