Au-delà de la cash-machine

Après avoir menacé la terre entière de droits de douane « paritaires », Donald Trump a fini par se rendre à l’évidence : ce sont d’abord les entreprises et les ménages américains qui seraient les premières victimes de cette folie. Il a fini par battre en retraite, car le monde d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui des mercantilistes du 18ᵉ siècle dont ses piètres conseillers se sont inspirés. Que le locataire de la Maison-Blanche ait cru qu’il suffirait de relever les tarifs aux frontières pour faire revenir des usines dans son pays, et au passage, faire payer au reste du monde la dette colossale des États-Unis grâce aux recettes additionnelles, laisse pantois.
Cette fonction financière de douanes que Trump a mise en première ligne, est celle qui est la plus visible en Afrique, de Maputo au Caire. Chaque année, les gouvernements fixent à l’Administration de douanes des objectifs de collecte de taxes souvent irréalistes. La performance du management de la Douane s’apprécie à l’aune de sommes d’argent qu’elle aura rapportées au budget de l’État. Rien d’étonnant que ces pays soient aujourd’hui inondés de faux médicaments, de smartphones ou de pièces de rechange automobiles contrefaits, ou encore qu’ils soient transformés en vastes concessions de vieux véhicules indésirables en Europe. Pour les gouvernements, la seule chose qui compte, c’est la composante budgétaire. Tant pis pour la protection de la santé des citoyens et de la société contre les activités transfrontalières criminelles, deux missions majeures que doit assumer toute Administration des douanes digne de ce nom.
Les pouvoirs publics ne se réveillent souvent que lorsque survient un gros sinistre.