Anticorruption

Et si les États africains s’inspiraient de l’Albanie dans leur combat contre le bakchich ? Pour lutter contre la corruption qui infeste les marchés publics dans son pays, le Chef du gouvernement albanais, Edi Rama, a pris une décision inédite : il a tout simplement nommé un ministre numérique. Diella, chargée des marchés publics, est le premier ministre virtuel de l’histoire créé par intelligence artificielle. Sur sa fiche de fonction, le ministre aura la charge d’évaluer les offres et pourra même recruter des talents partout afin de renforcer son efficacité.
Tirana promet qu’avec ce ministre 2.0, les marchés publics seront « totalement transparents et exempts de toute corruption ». Que les entreprises en compétition ne se sentiraient plus obligées de prévoir une enveloppe qui sert à acheter des membres de la commission qui décide de l’issue de l’appel d’offres.
Sur le continent, les chefs d’entreprise opèrent dans cet environnement où ils sont souvent confrontés à la systématisation du bakchich. Si elle touche plus le secteur public et l’administration, cette corruption se répand aussi dans le secteur privé. Le plus grave est que les agents chargés d’examiner les dossiers d’appels d’offre se comportent en apporteurs d’affaires. Beaucoup d’entre eux estiment que ces « honoraires » sont légitimes car « tout le monde doit manger ».
Quant aux citoyens, ils sont victimes au quotidien des dégâts de la petite corruption aux guichets des services publics. Pour obtenir un extrait d’acte de naissance, un certificat de résidence ou pour légaliser un document à la commune, il est vivement conseillé de prévoir des frais de motivation, de l’agent. En attendant qu’un ministre créé par intelligence artificielle soit nommé un jour.