2023 : une année noire pour les migrants en Tunisie

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Tunisie : face au racisme du président, des migrants choisissent de rentrerDes ressortissants ivoiriens devant l’ambassade de la Côte d’Ivoire pour demander leur rapatriement à Abidjan, le 24 février 2022. © Fethi BELAID / AFP

Un rapport récent de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) basée à Genève dénonce les abus infligés aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie, qualifiant ces actes de « violence institutionnelle quotidienne ». Ce document, compilant des témoignages directs et des informations d’ONG partenaires, pointe du doigt les autorités tunisiennes pour leur responsabilité dans ces violations des droits humains, en particulier dans les zones frontalières.

L’étude met en évidence une pression croissante exercée sur la Tunisie par l’Europe pour réduire les flux migratoires en Méditerranée, un facteur qui aurait contribué à l’intensification des violations des droits humains depuis le discours du président Kais Saied en février, dénonçant l’arrivée de migrants clandestins.

Selon l’OMCT, des changements majeurs au niveau institutionnel ont été observés cet été, marqués par des déplacements forcés, des expulsions illégales et des détentions arbitraires, particulièrement vers les frontières avec la Libye et l’Algérie. Ces pratiques, devenues plus fréquentes et structurées depuis septembre, sont critiquées pour leur non-respect des traités internationaux ratifiés par la Tunisie.

Le rapport souligne qu’après un incident mortel impliquant un Tunisien et des ressortissants d’Afrique subsaharienne à Sfax en juillet, des centaines de personnes ont été arrêtées dans cette ville, point de départ habituel des voyages clandestins vers l’Europe. En quelques jours, plus d’un millier de personnes ont été déplacées vers des zones désertiques aux frontières, une action qualifiée de violation des engagements internationaux du pays.

Des sources humanitaires internationales rapportent qu’au moins 5.500 migrants ont été expulsés vers la Libye et plus de 3.000 vers l’Algérie depuis juin, avec environ une centaine de décès sur la frontière tuniso-libyenne. Malgré ces informations, les autorités tunisiennes ont nié ces expulsions, provoquant des critiques de la part de l’ONU.

L’OMCT souligne également les conditions de vie inhumaines subies par ces populations, concentrées près de Sfax ces derniers mois, qualifiant ces conditions de potentiellement constitutives de torture et de mauvais traitements. L’organisation exprime une inquiétude générale quant à l’incapacité des autorités tunisiennes à protéger ces individus, les privant d’un accès aux services essentiels, à l’emploi et à des sources de revenus dignes.

Lire aussi : Tunisie-Libye : signature d’un accord pour mettre fin à la crise migratoire

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