Présidentielle en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara face à son propre héritage

Le 25 octobre, Alassane Ouattara briguera un quatrième mandat présidentiel en Côte d’Ivoire. Treize ans après son arrivée au pouvoir, le chef de l’État met en avant un pays reconstruit et économiquement stable, mais son bilan reste sujet à débat. Héritant d’une nation meurtrie par la crise post-électorale de 2010-2011, il avait promis réconciliation, justice et renouveau institutionnel.
Dès ses premiers mandats, Ouattara a multiplié les réformes visant à asseoir un État de droit plus solide. La création du Conseil d’État, de la Cour des comptes, du Sénat ou encore de la Haute autorité pour la bonne gouvernance marque une volonté affichée de transparence. Des mécanismes comme l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels (AGRAC) ont aussi vu le jour pour lutter contre la corruption.
Cependant, des acteurs de la société civile dénoncent un manque d’accès à l’information publique et une efficacité limitée des organes de contrôle. Selon eux, les institutions peinent à jouer leur rôle de contrepoids face à un exécutif dominant.
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Une réconciliation encore inachevée
La commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, créée après la crise, avait consulté des milliers de citoyens. Mais plusieurs figures de l’opposition jugent ce processus incomplet. Simone Gbagbo, notamment, regrette que les conclusions du rapport de Charles Konan Banny soient restées lettre morte. Le pouvoir, de son côté, estime avoir tourné la page, arguant que la stabilité politique actuelle témoigne du succès de ses efforts.
Sur le plan électoral, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) s’impose comme une force dominante. Majoritaire à l’Assemblée et à la tête de la majorité des collectivités locales, le parti présidentiel revendique un ancrage national solide. Mais cette hégémonie alimente les critiques d’une opposition affaiblie, qui accuse le régime de monopoliser le pouvoir et de manipuler les institutions.
À la veille du scrutin, la Côte d’Ivoire se retrouve donc à la croisée des chemins : entre continuité politique et quête de démocratie réelle, le pays s’apprête à juger le bilan d’un président qui aura marqué durablement son époque.