Soudan et Soudan du Sud : deux nations plongées dans la tragédie humanitaire

Près de 300 000 Sud-Soudanais ont fui leur pays depuis le début de l’année 2025, selon les chiffres publiés ce lundi par les Nations unies. Cette vague d’exil massif est attribuée à l’intensification du conflit opposant les partisans du président Salva Kiir à ceux de son vice-président suspendu, Riek Machar, poursuivi pour crimes contre l’humanité.
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud, plus jeune État du monde, reste enlisé dans une instabilité chronique et une pauvreté extrême, malgré ses riches gisements pétroliers. Selon la Commission des Nations unies pour les droits humains, les affrontements ont atteint un niveau de violence inédit depuis l’accord de cessation des hostilités signé en 2017, qui avait mis fin à la guerre civile.
Des civils pris pour cibles dans le Nord-Darfour
La Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations unies au Soudan, Denise Brown, a condamné dimanche les attaques délibérées contre les civils dans le Nord-Darfour, réclamant leur cessation immédiate.
Selon les informations recueillies, des frappes de drones ont visé dans la nuit du 10 au 11 octobre un site abritant des personnes déplacées internes à El Fasher. Ces attaques, attribuées aux Forces de soutien rapide (FSR), auraient fait au moins 57 morts, dont des femmes et des enfants.
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Dans ce contexte, Denise Brown a dénoncé une nouvelle violation grave du droit international humanitaire, rappelant que les hôpitaux, abris et lieux de refuge ne doivent jamais être pris pour cibles.
Entre le 5 et le 8 octobre, d’autres frappes attribuées aux FSR, dont l’une contre l’hôpital saoudien, dernier grand centre médical encore en activité à El Fasher, ont causé 53 morts et plus de 60 blessés. L’établissement, essentiel à la survie de milliers de civils, a subi d’importants dégâts. « Cette attaque contre un centre vital est un coup dévastateur pour les habitants piégés dans la ville », a-t-elle déploré.
Des enfants parmi les victimes
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a fait état d’un nouvel épisode tragique, au moins 17 enfants, dont un nourrisson de sept jours, ont été tués et 21 blessés lors d’une attaque contre le camp de déplacés de Dar al-Arqam, à El Fasher, samedi matin. « S’en prendre à des enfants et à des familles déjà déplacées est inacceptable », a dénoncé la directrice de l’UNICEF, Catherine Russell, évoquant une violation flagrante des droits fondamentaux des enfants.
Assiégée depuis plus de 500 jours par les FSR, El Fasher fait face à des pénuries critiques de nourriture, d’eau et de soins. Plusieurs zones du Nord-Darfour sont frappées par la famine, et la malnutrition infantile atteint un niveau alarmant. Les hôpitaux locaux signalent une hausse des décès d’enfants liés à la faim et aux maladies.
« Les civils doivent être protégés. La communauté humanitaire a besoin d’un accès sûr. Et, plus que tout, le peuple soudanais a besoin que la violence cesse », a conclu Denise Brown, réaffirmant l’engagement des Nations unies à soutenir les populations touchées.