Élections législatives aux Comores : un scrutin sous tensions et sous contrôle présidentiel

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Comores : le FMI a approuvé un décaissement de 4,87 millions de dollarsLe président des Comores, Azali Assoumani. (Image d’archives) AP Photo

Les Comoriens se sont rendus aux urnes dimanche pour élire leurs députés dans un climat marqué par une faible mobilisation de l’opposition et des dysfonctionnements organisationnels. Ce scrutin, perçu comme une formalité pour le camp présidentiel, intervient dans un contexte de défiance politique et de troubles socio-économiques dans cet archipel de l’océan Indien.

Un scrutin controversé

La principale opposition a décidé de boycotter cette élection, dénonçant une absence de transparence et des conditions jugées défavorables à une compétition équitable. Cependant, quelques dissidents au sein de l’opposition ont choisi de briser ce mot d’ordre, craignant une répétition des législatives de 2020 où l’absence de candidats adverses avait laissé le champ libre au parti présidentiel, la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC).

Dans certaines circonscriptions, les candidats proches du pouvoir étaient déjà assurés de l’emporter dès le premier tour, faute d’adversaires. À Bacha, fief de l’ex-ministre de l’Intérieur Daoud Abdallah Mohamed passé dans l’opposition, des tensions ont éclaté. Ce dernier accuse les autorités de bourrage d’urnes, une accusation rejetée par les assesseurs locaux.

Lire aussi : Présidentielle aux Comores : Azali Assoumani réélu dès le 1er tour

La journée de vote a été perturbée par des retards significatifs dans l’ouverture des bureaux, liés en partie aux intempéries, mais aussi à des problèmes logistiques. À Moroni, plusieurs bureaux de vote ont dû improviser des isoloirs rudimentaires. « Il n’y a pas d’isoloir, le personnel a dû en fabriquer un avec deux pans de tissu », a rapporté un observateur américain, James Burns. Ces maladresses organisationnelles ont alimenté les critiques sur la crédibilité du processus.

De plus, l’encre indélébile, censée empêcher les électeurs de voter plusieurs fois, s’est révélée inefficace dans certains cas, suscitant la colère des électeurs.

L’ombre de la succession

Sous la pluie, le président Azali Assoumani, 65 ans, a voté dans sa ville natale de Mitsoudje, à une quinzaine de kilomètres de la capitale. Saluant un scrutin qu’il a qualifié de « pacifique », il a remercié les opposants ayant choisi de participer. « Nous avons besoin d’une opposition constructive », a-t-il déclaré.

Azali, ancien colonel arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1999 avant d’être élu en 2016, a consolidé son emprise sur le pays. En janvier 2024, il avait été réélu avec 57,2 % des voix dans une élection marquée par des émeutes violentes.

Ces élections législatives voient également émerger une figure controversée : Nour el-Fath Azali, fils du président, candidat dans la circonscription de Hambou. Sa campagne, marquée par une forte visibilité, a renforcé les spéculations sur une éventuelle succession dynastique. secrétaire général adjoint du parti au pouvoir et ex-conseiller privé du président, il incarne l’ascension des proches d’Azali dans les hautes sphères du pouvoir.

Avec un taux de participation attendu faible et des circonscriptions largement acquises au parti présidentiel, ce scrutin semble confirmer la domination du CRC. Les résultats définitifs, attendus dans les cinq jours, devraient sceller une nouvelle victoire pour Azali et son camp.

Cependant, l’absence d’une opposition forte et crédible risque de fragiliser davantage les institutions démocratiques des Comores. Dans un pays où les tensions sociales et économiques s’intensifient, le besoin d’un dialogue politique semble plus urgent que jamais.

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