Tunisie : le chef d’Ennahdha condamné à 22 ans de prison pour atteinte à «la sûreté de l’État»

La justice tunisienne a condamné plusieurs journalistes et personnalités politiques à de lourdes peines de prison pour «atteinte à la sûreté de l’État». Parmi les condamnés figure le plus célèbre des opposants au président Kais Saied, Rached Ghannouchi, qui a écopé de 22 ans de prison. Ce verdict est perçu comme particulièrement sévère par ses avocats, qui dénoncent une manœuvre politique visant à réduire au silence l’opposition.
Le tribunal a également jugé l’ex-premier ministre Hichem Mechichi, condamné par contumace à 35 ans de prison. Deux journalistes, Chahrazed Akacha et Chadha Hadj Mbarek, ont respectivement écopé de 27 et 5 ans de prison. La première, a été jugée par contumace, soulignant la tension entre la presse et les autorités. Condamnée dans l’affaire Instalingo, nom de la société de production de contenu numérique qui faisait l’objet d’une enquête depuis 2021, elle est accusée de couvrir des complots contre l’État.
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Les peines prononcées ont immédiatement suscité des critiques. Le syndicat des journalistes a qualifié ce jugement d’«injuste» et de «politique», affirmant qu’il vise à museler les voix dissidentes. Des soutiens de ces personnalités politiques et médiatiques, notamment des proches et des organisations des droits de l’Homme, appellent à une révision de ces verdicts qu’ils considèrent comme une menace pour la liberté d’expression en Tunisie.
Ennahdha, principale force au Parlement avant sa dissolution par le président Kais Saied en juillet 2021, critique l’impact de cette décision sur les droits et libertés en Tunisie. Depuis ce coup de force, l’opposition et des ONG ont alerté sur la régression démocratique. Parallèlement, un autre procès, l’«affaire du complot contre la sûreté de l’État», qui implique des personnalités influentes, débutera le 4 mars.