Togo : les manifestations ont fait plusieurs morts

La capitale togolaise, Lomé, a été secouée ce week-end par une vague de manifestations contre le pouvoir en place. À l’appel d’acteurs de la société civile, relayé sur les réseaux sociaux, des dizaines de citoyens sont descendus dans la rue pour dénoncer la répression des voix critiques, la hausse des prix de l’électricité et une réforme constitutionnelle jugée dangereuse pour la démocratie. Ces rassemblements ont été sévèrement réprimés. Selon des organisations de la société civile, au moins sept personnes ont perdu la vie et des dizaines d’autres ont été blessées, victimes d’exactions attribuées aux forces de l’ordre et à des miliciens.
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Des scènes de tension ont marqué plusieurs quartiers de la capitale, avec des pneus et des barricades en feu, tandis que des gaz lacrymogènes ont été tirés pour disperser les foules. De nombreux commerces sont restés fermés, signe d’une peur généralisée. Le gouvernement a rejeté toute responsabilité dans les décès signalés, les attribuant à des noyades selon les résultats d’analyses médico-légales, sans préciser le nombre de corps retrouvés.
Une société civile sous pression
Malgré la rareté des manifestations ces dernières années au Togo, le mois de juin a été marqué par deux appels à la mobilisation. David Dosseh, porte-parole du Front citoyen Togo debout, a dénoncé une répression « inacceptable », rappelant que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution.
Par ailleurs, les témoignages de torture et mauvais traitements recueillis par Amnesty International suscitent de vives inquiétudes. Le gouvernement, lui, affirme ne pas être informé de tels abus. L’arrestation très médiatisée du rappeur Aamron, critique du régime, a ravivé les tensions, d’autant plus qu’il avait été filmé présentant des excuses depuis un hôpital psychiatrique avant d’être libéré le 21 juin.
Pour rappel, les autorités ont suspendu France 24 et RFI pour une durée de trois mois, les accusant d’avoir diffusé des informations jugées tendancieuses. Ce climat de répression croissante fait craindre une fermeture de plus en plus rigide de l’espace civique au Togo.