Tchad : Succès Masra renvoyé devant la chambre criminelle

L’ancien Premier ministre tchadien et leader du parti d’opposition « Les Transformateurs », Succès Masra, a été officiellement renvoyé devant la chambre criminelle par décision des juges de la chambre d’accusation de N’Djaména, rendue publique le 30 juillet. Détenu depuis le 16 mai, Masra était initialement poursuivi pour « incitation à la révolte et à la haine » ainsi que pour « complicité dans des violences intercommunautaires ». De nouvelles accusations plus lourdes pèsent désormais sur lui : « diffusion de messages à caractère raciste et xénophobe », « assassinat » et « association de malfaiteurs ».
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Les juges ont également décidé de joindre le dossier de Succès Masra à celui des 27 personnes inculpées pour le massacre survenu à Mandakao, dans la province du Logone Occidental, le 14 mai dernier. Cette décision a été vivement contestée par ses avocats, qui ont quitté la salle d’audience en signe de protestation, dénonçant une procédure opaque et l’absence totale de débat contradictoire.
Une décision critiquée comme étant politique
Me Saïd Larifou, l’un des avocats de Succès Masra, a fermement dénoncé une « poursuite arbitraire sans fondement juridique », accusant les autorités judiciaires de se soumettre au pouvoir exécutif. Selon lui, ni preuves matérielles ni témoignages crédibles ne justifient les charges retenues contre son client. Il appelle la justice tchadienne à garantir les droits de la défense et exhorte la communauté internationale à rester vigilante face à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire.
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Le gouvernement tchadien, par la voix de Gassim Cherif, ministre de la Communication, a condamné ces propos qu’il qualifie d’ « outranciers et irresponsables », affirmant que la justice nationale demeure « indépendante et insensible aux pressions politiques ».
Le renvoi de Succès Masra devant la chambre criminelle intervient dans un contexte politique tendu. Devenu une figure centrale de l’opposition après avoir quitté ses fonctions de Premier ministre de transition, il incarne pour ses partisans l’espoir d’un renouveau démocratique. Cette nouvelle étape judiciaire pourrait exacerber les tensions entre le pouvoir et l’opposition, déjà vives depuis les événements violents de Mandakao.