Soudan du Sud : le fragile accord de paix menacé après l’arrestation du vice-président

Le Soudan du Sud se trouve à un tournant critique après l’arrestation du premier vice-président, Riek Machar, par des forces loyales au président Salva Kiir. Cet événement pourrait signer la fin du fragile accord de paix de 2018, qui avait mis fin à une guerre civile dévastatrice.
Mercredi soir, des véhicules lourdement armés dirigés par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale ont forcé l’entrée de la résidence de Riek Machar à Juba, selon le Mouvement de libération du peuple du Soudan-IO (SPLM-IO). Ce geste a suivi une journée marquée par des tirs d’artillerie entendus près de la capitale.
L’accord de paix de 2018, qui avait instauré un partage de pouvoir entre Salva Kiir et Riek Machar après un conflit ayant fait 400.000 morts, est désormais au bord de l’effondrement. Oyet Nathaniel, vice-président du SPLM-IO, a dénoncé l’arrestation comme une trahison et a déclaré l’accord « abrogé ».
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L’arrestation a provoqué de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale. L’ONU a averti qu’un retour au conflit serait « catastrophique », mettant en danger des millions de vies. L’Union africaine, de son côté, a appelé au dialogue, tandis que le Kenya s’est proposé comme médiateur pour désamorcer les tensions.
Malgré un calme apparent à Juba jeudi, la tension est palpable. Une forte présence militaire, dont un tank, a été signalée près de la résidence de Riek Machar. En parallèle, des accusations mutuelles d’attaques entre les forces de Kiir et celles de Machar se multiplient.
Pour rappel, depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud est miné par la pauvreté et l’insécurité. Des observateurs estiment que Salva Kiir cherche à consolider son pouvoir et à marginaliser son rival. Depuis février, plus de 20 proches de Riek Machar ont été arrêtés, renforçant les craintes d’un retour à la violence généralisée.
Face à cette escalade, plusieurs pays occidentaux ont réduit leurs effectifs diplomatiques à Juba et exhorté leurs citoyens à quitter le pays, tandis que les appels à une médiation internationale peinent à trouver une issue.