RDC : l’offensive du M23 fragilise le Sud-Kivu et ses habitants
La signature, le 4 décembre à Washington, d’un « accord de paix global » entre les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi, n’aura guère apaisé les habitants d’Uvira, au Sud-Kivu. Cinq jours plus tard, cette ville de 700.000 habitants est menacée par l’avancée de l’Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), une rébellion soutenue par Kigali, selon les experts des Nations unies.
Après Goma et Bukavu, la progression vers Uvira marque une conquête majeure pour le M23, ravivant les inquiétudes d’un élargissement du conflit vers le Burundi voisin. Depuis novembre 2021, la rébellion a consolidé sa présence au Nord-Kivu avant de diriger une partie de ses forces vers le Sud-Kivu. Les forces congolaises, appuyées par des milices locales et l’armée burundaise, avaient temporairement résisté à l’avancée dans la plaine de la Ruzizi, corridor stratégique menant à Uvira.
Les lignes de front cèdent
Les bastions congolais ont progressivement cédé. Kamanyola, point névralgique au carrefour des frontières avec le Rwanda et le Burundi, et Katogota, surplombant la ville, sont tombés. Le M23 a appliqué une stratégie d’encerclement soutenue par l’armée rwandaise, similaire à celle utilisée pour prendre Goma en début d’année.
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Les médias sociaux ont également été mobilisés pour préparer l’opinion à cette offensive, le porte-parole du M23 dénonçant des attaques contre les Banyamulenges, minorité tutsie locale.
Kinshasa dénonce le rôle central de Kigali. Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de violer ses engagements pris à Washington, soulignant que des unités rwandaises ont participé aux combats dès le lendemain de la signature. Entre 6.000 et 7.000 militaires rwandais seraient actuellement déployés dans le Nord et le Sud-Kivu, selon les Nations unies.
L’offensive a déjà un lourd bilan humain. Le Comité international de la Croix-Rouge dénombre 74 morts et 83 blessés, majoritairement civils. Au moins 200.000 personnes ont été contraintes de fuir, certaines traversant la frontière vers le Burundi, où les conditions restent précaires et dangereuses.
Face à cette situation, le gouvernement burundais prévient Kigali qu’il n’hésitera pas à utiliser son « droit de poursuite » en cas d’attaque sur son territoire.