RDC : Joseph Kabila privé de temps d’antenne

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RDC : Joseph Kabila sort du silenceJoseph Kabila, ancien président de la RDC. © DR
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C’est une décision sans précédent qui fait grincer des dents en République démocratique du Congo (RDC). Depuis le 3 juin 2025, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a ordonné une interdiction totale de couverture médiatique concernant l’ancien président Joseph Kabila et son parti, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Cette mesure, d’une durée de 90 jours, s’applique à tous les médias — presse écrite, audiovisuelle, numérique — et inclut également les réseaux sociaux.

Officiellement, cette décision vise à « préserver l’unité nationale » face à des discours jugés « subversifs ». Dans le viseur : le récent déplacement de Kabila à Goma, dans le Nord-Kivu, où il a appelé à un « pacte citoyen » dans un contexte particulièrement tendu. À l’Est, les soupçons se multiplient quant à l’implication présumée du PPRD dans des alliances troubles avec le M23, une rébellion accusée d’être soutenue par le Rwanda. Pour les autorités, cette interdiction constitue un rempart contre toute tentative de manipulation politique dans une région sous haute tension.

Lire aussi: RDC : Joseph Kabila réapparaît à Goma sous contrôle du M23, alimentant les tensions politiques

Christian Bosembe, président du CSAC, précise toutefois que les cadres du PPRD sont autorisés à s’exprimer dans les médias, à condition de ne pas évoquer leur parti ni ses activités. Une ligne rouge floue qui suscite de nombreuses inquiétudes.

La mesure intervient quelques jours seulement après la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila, intervenue le 22 mai. L’ancien chef de l’État pourrait désormais faire l’objet de poursuites pour crimes de guerre et trahison, une situation inédite dans le paysage politique congolais.

Mais cette décision est loin de faire l’unanimité. Juristes et défenseurs de la liberté de la presse dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression et aux principes démocratiques. Selon eux, ce silence imposé porte les signes d’une dérive autoritaire et risque d’exacerber les tensions dans un pays encore profondément marqué par des années de conflits et d’instabilité.

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