Procès de la « Young Team » au Gabon : lourdes peines de prison et réparations record
Aux premières lueurs du 18 novembre, après une nuit rythmée par de longues heures de délibérations, la Cour criminelle spécialisée du Gabon a tranché dans l’affaire dite de la « Young Team ». Ce groupe, autrefois influent dans les cercles proches de Noureddin Bongo, fait désormais face à des condamnations sévères pour malversations financières. Noureddin Bongo lui-même avait écopé, quelques jours plus tôt, de vingt ans de prison pour détournements massifs de fonds publics.
Le verdict, prononcé peu après 7h du matin, marque un tournant. Ian Ghislain Ngoulou, ex-directeur de cabinet de Noureddin Bongo, est condamné à quinze ans d’emprisonnement, dont cinq avec sursis, pour une série d’infractions : détournement d’argent public, corruption active, association de malfaiteurs et usurpation de fonctions. Les frères Océni subissent la même peine, l’un pour détournements et blanchiment, l’autre pour recel.
Jessye Ella Ekogha, ancien porte-parole de la présidence, reçoit dix ans de prison, tandis que Kim Oun, collaborateur de l’ex-première dame, écope de cinq ans. D’autres prévenus s’en sortent avec des peines de trois ans, vingt-six mois, ou une relaxe, comme celle prononcée pour Steeve Nzegho Dieko.
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Réparations colossales et patrimoine saisi
Outre les peines de prison, les sanctions financières sont considérables. Ian Ngoulou devra verser un milliard de francs CFA, et les frères Océni six milliards. Le tribunal ordonne aussi la confiscation de divers biens, allant des propriétés immobilières aux montres luxueuses. Selon le procureur général Eddy Minang, les investigations ont mis en lumière un dispositif structuré permettant de capter l’argent public, de le blanchir puis de le réinjecter dans un train de vie extravagant.
Avant l’annonce du verdict, plusieurs prévenus ont exprimé des excuses au peuple gabonais. Leurs avocats évaluent désormais la possibilité d’interjeter appel.
Du côté de la société civile, le sentiment est loin d’être apaisé. Pour des acteurs comme Jeanne Clarisse Dilaba ou le syndicaliste Marcel Libama, ce procès ne résout qu’une partie du problème. Ils réclament un contrôle renforcé des finances publiques et une justice réellement indépendante pour enrayer un phénomène qu’ils qualifient de « cancer » national.