Port-Soudan sous les drones, les civils fuyant l’escalade de la violence

Pour le cinquième jour consécutif, Port-Soudan, dernier bastion encore relativement épargné de la guerre civile au Soudan, est la cible d’attaques de drones menées par les Forces de soutien rapide (FSR). Ces frappes, notamment sur la base navale de Flamingo et d’autres infrastructures vitales, marquent une intensification du conflit qui ravage le pays depuis avril 2023.
Située sur la mer Rouge, Port-Soudan abrite le siège provisoire du gouvernement et représentait jusqu’à récemment un refuge pour des milliers de civils fuyant les combats. Mais ces derniers jours, la ville a été frappée à plusieurs reprises, provoquant panique et exode. L’aéroport civil, la station électrique et des dépôts de carburant ont subi d’importants dégâts. Ce jeudi, des explosions ont de nouveau retenti alors que les défenses anti-aériennes tentaient d’intercepter une salve de drones, détruisant selon une source militaire 15 engins en quelques heures.
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Dans la ville, l’ambiance est à la peur. Les gares routières sont prises d’assaut, les bus complets, et les prix des trajets ont doublé, poussés par la pénurie de carburant. « La fumée est partout, ma femme asthmatique ne peut plus rester ici », confie un habitant à l’AFP, en partance pour le sud. Comme lui, de nombreux déplacés vivent leur énième fuite.
Les FSR, après avoir perdu plusieurs positions stratégiques, multiplient les attaques aériennes depuis leurs bases dans le Darfour, à 1.500 kilomètres à l’ouest. Ces frappes visent aussi Kosti et Kassala, dans les zones tenues par l’armée. L’ONU alerte sur une détérioration dramatique de la situation humanitaire, déjà marquée par plus de 13 millions de déplacés et des dizaines de milliers de morts.
Alors que le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis de soutenir les FSR, Abou Dhabi dément ces allégations. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) condamne fermement les attaques contre Port-Soudan, appelant à protéger les civils et à garantir l’accès humanitaire dans ce pays de plus en plus fracturé.