Niger : réorientation stratégique des exportations d’uranium après la fermeture de la frontière béninoise

Le président nigérien Abdourahamane Tiani a confirmé, dans une interview télévisée diffusée le 31 mai, son refus de rouvrir la frontière avec le Bénin, fermée depuis le coup d’État de juillet 2023. Cette décision bouleverse profondément la logistique des exportations d’uranium du pays, historiquement acheminé à travers le port de Cotonou, rapporte Ecofin.
Dans ce contexte, de nouveaux corridors sont à l’étude. Global Atomic, société canadienne en charge du projet Dasa, en construction, a indiqué mi-mai que plusieurs itinéraires alternatifs étaient envisagés, notamment via l’Algérie, le Nigeria et le Togo/Burkina Faso. Le Niger, qui partage près de 1.000 km de frontière avec l’Algérie, projette de construire un port sec à Agadez et d’étendre le réseau ferroviaire, afin de faciliter l’accès aux ports algériens. Toutefois, ces projets restent à un stade préliminaire.
À plus court terme, c’est le corridor du port de Lomé, via le Burkina Faso, qui semble le plus utilisé. Mais il présente d’importants risques : insécurité liée aux attaques djihadistes, lourdeurs administratives et pratiques de racket, comme l’a dénoncé en novembre 2024 un syndicat nigérien du transport routier.
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D’autres options, comme le transport aérien, restent marginales. En 2024, Orano, l’exploitant français, avait proposé un envoi par avion via la Namibie, mais l’initiative a été rejetée par les autorités nigériennes, dans un climat de tensions diplomatiques avec Paris. Orano a depuis perdu le contrôle de sa filiale locale.
En parallèle, la Chine et la Russie manifestent un vif intérêt pour la production future, notamment celle de la mine Dasa et de la Somina, réactivée en 2024 après dix ans d’arrêt.
Toutefois, selon la Commission de l’UEMOA, les exportations d’uranium n’avaient toujours pas repris à la fin 2024, malgré l’importance stratégique du secteur, qui représentait un tiers des exportations du Niger en 2023. Dans un environnement régional instable, le Niger cherche donc à redessiner sa carte logistique pour rester un acteur clé du nucléaire mondial.