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Le Sénégal de Sadio Mané, le Maroc d'Achraf Hakimi et l'Egypte de Mohamed Salah sont attendus parmi les favoris de la CAN 2025 © AFP
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Le dimanche 21 décembre 2025, le Maroc donnera le coup d’envoi d’une nouvelle Coupe d’Afrique des Nations, la 3ᵉ compétition footballistique la plus prestigieuse au monde. Une CAN d’hiver, dans un pays habitué aux grands rendez-vous, mais surtout une CAN qui s’inscrit dans une histoire singulière. Plus qu’aucune autre compétition internationale, la Coupe d’Afrique est un tournoi de mémoire. Ici, le football ne se contente pas de sacrer un vainqueur : il raconte des peuples, des drames et parfois des renaissances.
Impossible d’évoquer cette mémoire sans revenir à l’Afrique du Sud de 1996. Pour sa première participation, la nation arc-en-ciel, tout juste sortie de l’apartheid, remporte la CAN à domicile. Dans les tribunes, Nelson Mandela incarne une réconciliation encore fragile. Le prix Nobel de la paix voyait dans le sport une force capable de briser les barrières raciales mieux que bien des discours politiques. La victoire des Bafana Bafana contre la Tunisie dépasse alors le cadre du terrain : elle symbolise un retour au monde pour un pays longtemps exclu.
La CAN est aussi une affaire de nerfs, où les héros n’occupent pas toujours le devant de la scène. La Côte d’Ivoire en a fait une marque de fabrique. En 1992, les Éléphants remportent leur premier titre au terme de la plus longue séance de tirs au but de l’histoire, face au Ghana. Alain Gouaméné devient une figure presque mystique. En 2015, le scénario se répète : Copa Barry arrête un tir, puis transforme lui-même la tentative victorieuse. Deux titres, deux gardiens. En Afrique, le destin emprunte parfois des chemins inattendus.
Mais aucun parcours n’illustre mieux la part tragique et miraculeuse de la CAN que celui de Kalusha Bwalya. En 1993, l’icône zambienne échappe au crash aérien qui décime sa sélection. Moins d’un an plus tard, il mène une équipe reconstruite jusqu’en finale. La consécration arrive en 2012, lorsqu’il est devenu président de la fédération, avec un sacre historique à Libreville, à quelques encablures du lieu du drame. Le football africain n’efface rien, mais il sait parfois réparer.
Il sait aussi être cruel. En 2000, Victor Ikpeba réussit un tir au but en finale… que personne ne valide. Le ballon a franchi la ligne avant de ressortir, mais sans arbitrage vidéo, le Nigeria s’incline face au Cameroun, chez lui, dans un stade incandescent. Cette frappe fantôme reste l’un des symboles des injustices qui ont longtemps jalonné la compétition.
Enfin, la CAN n’est jamais totalement à l’abri du monde réel. En 2010, l’attaque armée contre la sélection togolaise à Cabinda rappelle brutalement que le football africain se joue parfois dans l’ombre des conflits. Trois morts, des blessés à vie, un forfait traumatisant : une blessure profonde dans l’histoire du tournoi.
C’est dans ce contexte que le Maroc s’apprête à accueillir la compétition. Pour le royaume, l’enjeu dépasse largement le cadre sportif. Il s’agit d’un test de crédibilité et d’ambition pour un pays qui se veut une place forte du football africain, mais dont l’histoire avec la CAN reste paradoxale. Le Maroc ne l’a remportée qu’une seule fois, en 1976, et ne l’a accueillie qu’une fois également, en 1988. Une anomalie au regard de son influence, de ses infrastructures et de la régularité de ses sélections.
Accueillir la CAN, c’est donc un enjeu symbolique majeur. Sur le plan sportif, la pression est immense : le public attend plus qu’un parcours honorable, il espère un titre. Car la Coupe d’Afrique ne se gagne jamais par hasard. Elle récompense les équipes capables de transformer un contexte national fort en énergie collective. En définitive, le Maroc reçoit bien plus qu’un tournoi : il accueille l’histoire et les attentes de tout un continent.
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