L’opposant Anicet Ekane décède en détention à Yaoundé
L’opposant camerounais Anicet Ekane, figure de la gauche nationaliste et président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), est décédé lundi matin à Yaoundé à l’âge de 74 ans. L’information a été confirmée par Valentin Dongmo, vice-président du parti.
Arrêté le 24 octobre à Douala, à la veille de l’annonce des résultats de la présidentielle reconduisant Paul Biya pour un huitième mandat, Ekane avait ensuite été transféré à Yaoundé. Les circonstances exactes de son décès n’ont pas été précisées. Selon Valentin Dongmo, son état de santé se serait aggravé après son placement au Secrétariat d’État à la Défense (SED), où il était détenu.
Des alertes répétées sur son état de santé
Le Manidem affirme avoir multiplié les démarches auprès des autorités du tribunal militaire pour obtenir son transfert vers un établissement mieux équipé. « Nos requêtes n’ont pas reçu de réponse favorable », déplore Dongmo, qui évoque également une ultime demande d’évacuation sanitaire formulée dimanche.
Ekane avait été interpellé avec d’autres responsables politiques ayant publiquement soutenu la revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary à l’élection présidentielle. Le Manidem dénonçait alors « des arrestations abusives » destinées, selon lui, à intimider les citoyens.
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Un long parcours militant
Né en 1951 à Douala, Anicet Ekane s’engage très tôt en politique, d’abord au sein de l’Union nationale des étudiants camerounais, puis à l’UPC en 1973. Il fonde le Manidem en 1995.
Arrêté en 1990 avec le groupe Yondo Black et condamné par le tribunal militaire, il est rapidement gracié. Par la suite, il conduit à deux reprises son parti à l’élection présidentielle, en 2004 puis en 2011.
L’annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions et messages de consternation sur les réseaux sociaux, témoignant de l’empreinte laissée par cette figure politique historique.