Le cas Oligui Nguema
La promesse n’engage que celui qui y croit. Les Gabonais qui avaient accueilli le Général Brice Oligui Nguema comme un messie pour avoir mis fin à la dynastie Bongo, vont devoir déchanter. A sa prise du pouvoir en juillet 2023, ce militaire s’était engagé à ne pas se présenter à l’élection présidentielle prévue en avril prochain. Il avait alors affirmé que sa mission était de « rétablir la crédibilité des institutions » abîmées par la dynastie Bongo.
Pour rassurer les plus sceptiques parmi ses concitoyens, le Général-président avait fait inscrire dans la Charte de la Transition, l’interdiction à tout membre de la junte de se porter candidat à la présidentielle. Mais à force de goûter aux honneurs de la plus haute fonction de l’État, Oligui Nguema a fini par renier sa parole. Le miel du pouvoir est trop bon pour s’éloigner de la ruche. Il a d’abord fait adopter un nouveau code électoral taillé sur mesure par un Parlement -non élu- qui lève l’interdiction faite aux militaires à se porter candidat à l’élection présidentielle. Selon les critiques, ce texte a de toute évidence été conçu pour favoriser une candidature à la présidence du chef de la junte au pouvoir à Libreville. Et pour « maquiller » son reniement, le chef de l’État gabonais a téléguidé des organisations dites de la société civile, qui sont en réalité des partis politiques déguisés, pour lancer des appels de soutien à sa candidature. La ficelle était trop grosse, car tout Libreville savait que ce dispositif était une campagne avant l’heure pour le Général-candidat. C’est le même schéma qui se dessine au Mali et en Guinée.
Les 800.000 Gabonais, soit le tiers des 2,4 millions d’habitants, qui vivent en dessous du seuil de pauvreté malgré les richesses pétrolières et forestières de leur pays, n’auront que les yeux pour pleurer. « L’Afrique est mal partie », écrivait l’agronome français René Dumont en 1960. Soixante-quatre ans après, cet ouvrage est toujours d’actualité.