Jeunesse oubliée
À quoi sert une élection s’il y a 3 à 0 avant que le match ne commence, comme dit la rue abidjanaise ? En Côte d’Ivoire où Alassane Ouattara s’apprête à se faire réélire ce weekend par « coup K.O » (ndlr : au premier tour), et un peu partout sur le continent, les jeunes sont dégoûtés par ces rendez-vous qui ne changent pas grand-chose à leur quotidien et dont le résultat ne laisse aucun suspens. Les moins de 35 ans, qui constituent 75% de la population en Afrique, ne se sentent pas concernés par ces élections. Il ne faut donc pas s’étonner que le seul vrai gagnant soit l’abstention, et ce, quel que soit le pays. Le chiffre de ceux qui boudent les urnes est d’ailleurs le seul indicateur que les « ingénieurs en élections » des pouvoirs en place ne peuvent cacher. Personne ne croit au taux de participation fabriqué par l’IA qu’annoncent les autorités en Afrique.
Pour revenir à la Côte d’Ivoire, on peut ne pas aimer Ouattara, mais on doit lui reconnaître d’avoir remis son pays sur une trajectoire de croissance et mis à niveau ses infrastructures. L’Eléphant (ndlr : le surnom de la Côte d’Ivoire) est redevenu le pivot des économies dans la sous-région, et la porte d’entrée des investisseurs étrangers. Il lui reste à transformer cette dynamique en une croissance inclusive qui crée assez d’emplois pour absorber les milliers des jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Faute de quoi, le quatrième mandat que brigue le chef de l’Etat ivoirien pourrait être un mandat de trop.