Intégration africaine : combler le déficit financier pour faire décoller la ZLECAf

Alors que les dirigeants africains s’emploient à bâtir un marché unique autour de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un constat s’impose, sans une finance adaptée aux réalités du continent, ce projet ambitieux risque de rester inachevé. C’est l’un des messages forts émanant des échanges organisés à Abidjan par le programme Making Finance Work for Africa (MFW4A), en marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement.
Pour le Dr Patrick Ndzana Olomo, de la Commission de l’Union africaine, il est urgent de compléter l’architecture financière continentale par des institutions fortes : une banque centrale africaine, un fonds monétaire, une banque d’investissement et une bourse panafricaine. Selon lui, seule une vision souveraine et structurée permettra de répondre aux besoins spécifiques du continent.
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Au cœur de ces besoins, on retrouve les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME et PME), qui génèrent près de 60% de la richesse économique et 90% des emplois en Afrique. Actrices de longue date du commerce régional, elles sont pourtant confrontées à un accès limité au financement. Les banques traditionnelles, souvent peu outillées pour évaluer leur viabilité, préfèrent se tourner vers des clients plus établis.
Financement des PME et circulation des capitaux : des défis persistants
Des solutions existent. La Banque africaine de développement soutient notamment des institutions comme Afreximbank ou ATIDI, et encourage la création de banques régionales. Mais ces instruments restent parfois hors de portée des acteurs les plus modestes. Le recours à des fonds de garantie ou à des partenariats avec les banques commerciales a permis certaines avancées, notamment pour les fintechs ou les entreprises dirigées par des femmes, mais leur pérennité demeure fragile.
Pour nombre d’experts, la clé réside dans la libre circulation des capitaux. Le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), en cours de déploiement, pourrait offrir une solution concrète. Il va permettre de fluidifier les échanges, réduire les coûts de change et renforcer les liens économiques entre pays. L’Afrique a besoin d’un système financier à son image, c’est-à-dire inclusif, souple et tourné vers l’avenir.