Guinée-Bissau : Umaro Embalo annonce sa candidature à l’élection présidentielle

En septembre 2024, Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau, annonçait qu’il ne se présentera pas pour un second mandat sur les conseils de son épouse. «Je ne serai pas candidat en 2025. Mon épouse m’a conseillé de ne pas me présenter. Je respecte donc ses conseils», a-t-il déclaré devant la presse après le conseil des ministres. Six mois plus tard, ce conseil semble tomber dans l’oreille d’un sourd puisque contre toute attente, Umaro Embalo a annoncé sa candidature pour briguer un second mandat.
Cette déclaration intervient après une série de visites officielles dont Moscou et Paris. A peine sorti de l’avion, le président bissau-guinéen a annoncé sa candidature et sa victoire dès le premier tour.
Umaro Embalo reconnaît être à l’origine du départ précipité de la CEDEAO
Le président a également assumé d’être à l’origine du départ précipité de la délégation de la CEDEAO en mission à Bissau la semaine dernière. La CEDEAO était venue pour parvenir à un consensus politique entre le pouvoir et l’opposition, mais Umaro Embalo n’a pas apprécié qu’elle rencontre ses adversaires durant son absence.
Pour sa défense, il déclare que «La Guinée-Bissau n’est pas une République bananière». L’homme fort de Bissau a ajouté que les «membres de la délégation de la CEDEAO en mission à Bissau la semaine dernière n’ont pas respecté les lois et les règlements. Ce n’est pas une question de droit public. Il y a une loi, il y a une constitution, et la cour suprême et toutes doivent être respectée».
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La CEDEAO a dénoncé des «menaces» de la part du président, l’obligeant à quitter le pays prématurément. Selon un communiqué, les médiateurs avaient préparé une feuille de route pour organiser les élections législatives et présidentielle, mais n’ont pas pu finaliser les discussions. La mission veut atténuer les tensions politiques à Bissau en définissant une feuille de route pour des élections inclusives et pacifiques cette année.
L’opposition, qui estime que le mandat du président a pris fin le 29 février, cinq ans après sa prestation de serment, a appelé à la mobilisation et à la «paralysie» du pays. Elle conteste toujours la légitimité de son élection en 2020. Alors que la Cour suprême a prolongé le mandat d’Umaro Embalo jusqu’au 4 septembre, en vue d’une élection présidentielle prévue le 30 novembre, l’opposition juge cette décision illégitime et résultant de pressions exercées par le président sur les institutions.
L’opposition dénonce la candidature du président
Selon Domingos Simões Pereira, président du PAIGC, «la Cour suprême était la première des institutions souveraines que le président Embalo a prises en otage». Il dénonce une décision qui ne reflète pas l’indépendance judiciaire, tout en soulignant que la Constitution et la loi électorale ne soutiennent pas la tenue d’une élection en novembre, ce qui place Umaro Embalo en dehors du cadre légal, signale-t-il à RFI.
Parallèlement, Domingos Simões Pereira critique vivement la CEDEAO pour son soutien continu à Umaro Embalo, rappelant que l’organisation régionale avait validé son élection contestée en 2020 et soutenu la dissolution du Parlement en décembre 2023. «La CEDEAO paie aujourd’hui le prix de ses propres choix», affirme-t-il, appelant l’organisation à revoir sa position et à soutenir les institutions légitimes.
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En décembre 2023, il avait dissous le Parlement, dominé à l’époque par l’opposition, trois jours après des affrontements armés qu’il a présentés comme une tentative de coup d’État. Il avait ensuite fixé au 24 novembre 2024 les législatives anticipées, avant de les reporter sine die par un décret présidentiel, invoquant des difficultés logistiques et financières.
L’opposition exige une solution constitutionnelle à la crise et critique Umaro Embalo pour son refus de respecter la loi fondamentale. «Si Embalo refuse de respecter la Constitution, la CEDEAO doit-elle continuer à le soutenir ?», interroge Domingos Simões Pereira. Ce dernier plaide pour une médiation en faveur des organes de souveraineté. La situation reste tendue alors que le pays, marqué par une instabilité chronique.
Pour rappel, la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise d’environ deux millions d’habitants, est un pays instable à l’histoire jalonnée de coups d’État militaires ou politiques, depuis son indépendance en 1974.