Grands Lacs : 1,5 milliard d’euros d’aide annoncés par Macron pour la RDC
 Des personnes déplacées par les combats avec les rebelles du M23 se dirigent vers le centre de Goma, République Démocratique du Congo
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Des personnes déplacées par les combats avec les rebelles du M23 se dirigent vers le centre de Goma, République Démocratique du Congo
© AP Photo Pour « ne pas demeurer des spectateurs silencieux » face à la tragédie qui frappe la région des Grands Lacs, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé jeudi la mobilisation de plus de 1,5 milliard d’euros d’aide internationale et l’ouverture de couloirs sécurisés pour acheminer l’aide aux civils pris au piège de la guerre en République démocratique du Congo (RDC) et dans ses pays voisins.
« Je suis fier d’annoncer que vous avez collectivement mobilisé plus de 1,5 milliard d’euros d’assistance pour les populations les plus vulnérables », a déclaré Emmanuel Macron en clôture d’une conférence internationale organisée à Paris. Cette aide comprendra notamment l’envoi de médicaments et de denrées alimentaires.
Le plan de réponse humanitaire des Nations unies, évalué à 2,5 milliards d’euros, n’était jusqu’alors financé qu’à hauteur de 16%. Le président français a par ailleurs annoncé la réouverture de l’aéroport de Goma pour les vols humanitaires « dans les prochaines semaines », ainsi que la mise en place de couloirs humanitaires sécurisés pour l’acheminement de l’aide.
Des réactions contrastées
Cette annonce a été accueillie avec prudence par le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe. « Paris ne peut rouvrir un aéroport puisque les premiers concernés ne sont pas là », a-t-il déclaré, en référence au groupe armé M23, qui contrôle la région et n’a pas été invité à la conférence.
Pour Macron, la situation humanitaire est « insoutenable » : près de 28 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, une femme est violée toutes les quatre minutes et un enfant toutes les trente. « Cette tragédie humaine nous oblige à agir collectivement », a-t-il insisté.
Le président togolais Faure Gnassingbé a appelé les pays africains à s’impliquer davantage, « non pas seulement par devoir moral, mais parce que c’est une question de dignité et d’efficacité ». Il a dénoncé les pratiques qui compromettent l’aide humanitaire : routes contrôlées, convois taxés, détournement de ressources et exploitation minière informelle, rappelant que ces activités alimentent les groupes armés et appauvrissent la population.
Un conflit qui perdure malgré les accords de paix
L’Est de la RDC, frontalier du Rwanda et riche en ressources naturelles, est le théâtre de conflits récurrents depuis trente ans. Les violences se sont intensifiées début 2025 avec la prise des villes de Goma et Bukavu par le M23, un groupe armé soutenu par Kigali selon Kinshasa.
Une soixantaine de pays et organisations étaient représentés à la conférence de Paris. Pour les États-Unis et le Qatar, Massad Boulos, l’émissaire du président américain pour l’Afrique, et le négociateur en chef qatari Mohammed Al-Khulaifi ont fait le déplacement. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a souligné l’importance d’un travail conjoint avec les ministres des États de la région et les médiations américaine et qatarie pour appuyer les efforts déjà menés sur le terrain.
Parallèlement au volet humanitaire, la conférence a permis à Macron de réaffirmer le soutien aux efforts de paix déjà en cours. Kinshasa et le M23 avaient signé une déclaration de principes à Doha le 19 juillet, confirmant leur engagement envers un cessez-le-feu permanent, après un accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda à Washington fin juin. Pourtant, sur le terrain, les violences se poursuivent.
Selon Luc Lamprière, directeur du Forum des ONG internationales en RDC, « la Conférence de Paris a envoyé un signal important », mais ces annonces financières doivent être traduites par des mesures concrètes sur le terrain, notamment « la levée immédiate de tous les obstacles administratifs et logistiques qui étouffent la réponse humanitaire ».
Kevin Goldberg, directeur général de l’association Solidarités International, a salué les montants annoncés tout en s’interrogeant sur la portée réelle des 1,5 milliard d’euros : « Parle-t-on d’engagements pluriannuels ou uniquement pour 2025 ? »
 
 