France-Algérie : les relations de nouveau sous tension

La réconciliation récemment amorcée entre l’Algérie et la France a pris un coup de froid suite à l’arrestation de trois ressortissants algériens en France, dont un employé consulaire.
En réponse à cet incident, les autorités algériennes ont exigé l’expulsion de 12 fonctionnaires français. Une décision qui menace de fragiliser les relations bilatérales, déjà mises à l’épreuve par des crises passées. Parmi les diplomates visés par cette mesure, plusieurs travaillent au sein du ministère français de l’Intérieur, selon une source diplomatique.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a dénoncé cette mesure, appelant l’Algérie à renoncer à cette expulsion «sans lien avec la procédure judiciaire en cours». Il a fait savoir qu’une telle décision pourrait entraîner une réponse immédiate de la France.
Un enlèvement qui ravive les tensions
Cette crise diplomatique est née de l’arrestation de trois ressortissants algériens en France. Ces derniers ont été inculpés, dans le cadre d’une enquête menée par le parquet national antiterroriste français, pour des faits graves d’enlèvement et de détention arbitraire, en lien avec un projet terroriste. Parmi les trois personnes arrêtées, un employé du consulat d’Algérie à Paris. Cette arrestation survient dans un contexte particulièrement tendu, puisque les inculpés sont impliqués dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, un opposant au régime algérien, plus connu sous le nom d’Amir DZ, réfugié en France.
Le 29 avril 2024, Boukhors avait été kidnappé par des individus se faisant passer pour des policiers français. Après avoir été drogué et enfermé dans un lieu isolé, il apprend qu’il devait être emmené en Espagne, mais l’interception par des responsables européens a permis de l’éviter. Cette action semblait avoir été orchestrée par les services secrets algériens, qui auraient envisagé, selon certains rapports, d’assassiner le blogueur. L’enquête a révélé que ces événements s’inscrivaient dans une tentative plus large de répression contre l’opposant politique.
Les tensions ont rapidement atteint leur paroxysme lorsque le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé son mécontentement face à ces arrestations, qualifiant l’incident d’«inadmissible et inqualifiable». Ces déclarations ont été un choc pour la diplomatie française, qui avait récemment annoncé une «nouvelle phase» de coopération avec l’Algérie, marquée par un entretien constructif entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, la semaine dernière.