Etats-Unis : retour sur une rencontre entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa

La réunion, initialement prévue pour aborder les partenariats économiques et la coopération technologique, a rapidement pris une tournure polémique. Donald Trump, fidèle à son style provocateur, a choisi de diffuser devant les caméras des vidéos controversées montrant des responsables politiques sud-africains appelant prétendument à la violence contre les Blancs, ainsi que des images de croix alignées, que le président américain a décrites comme les sépultures de fermiers blancs assassinés.
« Il y a beaucoup de gens qui se sentent persécutés et qui viennent aux États-Unis », a déclaré Donald Trump, justifiant ainsi la politique d’accueil de réfugiés sud-africains blancs que son administration tente de mettre en œuvre. « En général, ce sont des fermiers blancs qui fuient l’Afrique du Sud », a-t-il ajouté, suscitant l’indignation de la délégation sud-africaine.
Cyril Ramaphosa plaide pour la vérité
Face à cette offensive médiatique, le président Cyril Ramaphosa a réagi avec calme et fermeté. Ce dernier a fait appel à ses talents de négociateur. Pour la petite histoire, il a été le principal négociateur du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela lors des pourparlers visant à mettre fin à la domination des minorités blanches au début des années 1990.
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Cyril Ramaphosa a précisé que les groupements politiques mis en avant dans les vidéos ne font pas partie de sa coalition gouvernementale et qu’ils ne représentent en rien la politique officielle de l’Afrique du Sud. Il a formellement nié l’existence d’une quelconque politique d’expropriation sans compensation à l’encontre des fermiers blancs.
Le président sud-africain a tenu à rappeler que la criminalité touche toutes les communautés du pays, y compris la majorité noire, souvent plus exposée encore à la violence. Il a ensuite appelé les États-Unis à l’aider à lutter contre cette criminalité généralisée, par le biais d’une coopération technologique et d’un renforcement des investissements économiques.
Une délégation méticuleusement composée
Pour cette visite stratégique, Cyril Ramaphosa s’est entouré d’une délégation soigneusement composée. Parmi les membres figure John Steenhuisen, ministre de l’Agriculture et leader de l’Alliance démocratique, un parti pro-entreprise. Afrikaner de naissance, John Steenhuisen représente cette minorité blanche que l’administration Trump prétend défendre. Il a profité de cette tribune pour défendre la politique agricole inclusive du gouvernement sud-africain.
Cyril Ramaphosa a aussi joué la carte personnelle pour adoucir son interlocuteur. Passionné de golf, Donald Trump a apprécié la présence dans la délégation sud-africaine des champions Ernie Els et Retief Goosen. Ce clin d’œil sportif a visiblement contribué à détendre l’atmosphère et à orienter la fin de la rencontre sur un ton plus conciliant.
Accord sur le renforcement des relations commerciales
Malgré les tensions initiales, la rencontre s’est soldée par des avancées notables sur le plan diplomatique et économique. Dans un communiqué publié par la présidence sud-africaine, les deux dirigeants ont annoncé leur volonté commune de « renforcer les liens commerciaux bilatéraux, d’augmenter les investissements pour un bénéfice mutuel et de forger une collaboration dans les échanges technologiques ».
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Le président Cyril Ramaphosa s’est félicité de la reprise prochaine des négociations commerciales entre les deux pays, qui seront menées par leurs équipes respectives. Cette avancée est d’une importance capitale pour l’Afrique du Sud, dont les États-Unis constituent le deuxième partenaire commercial après la Chine. Face à un contexte économique mondial incertain, Pretoria mise sur la stabilité et le renforcement des échanges avec Washington.
Cette visite à la Maison-Blanche n’était pas sans risque pour le président sud-africain. Depuis l’élection de Donald Trump, les relations entre les deux pays s’étaient considérablement dégradées. Washington avait notamment menacé d’imposer des droits de douane punitifs et avait expulsé l’ambassadeur sud-africain.
En optant pour le dialogue et une stratégie d’apaisement, Cyril Ramaphosa a su éviter l’escalade et faire avancer les intérêts de son pays. En dépit des divergences, la diplomatie a prévalu. Le pari était risqué, mais il semble avoir payé : les deux nations repartent sur une base plus solide, même si la méfiance, elle, reste palpable.