Climat anxiogène

Aucun de ces pseudo-experts qui dénoncent une soi-disant injustice des agences de notation et des assureurs-crédit à l’égard de pays africains, n’a réagi à la décision de Niamey de nationaliser, pour ne pas dire, confisquer, la filiale locale du groupe Orano. Harcelé depuis plusieurs mois, le tort de cet opérateur d’uranium est d’être d’origine française. Les autorités nigériennes l’ont d’ailleurs mis en avant pour motiver leur décision.
Silence radio également sur les malheurs du groupe canadien Barrick Mining au Mali. Le pouvoir militaire à Bamako a mis la main sur les actifs aurifères et le stock d’or de l’entreprise. Auparavant, il avait déchiré le pacte d’actionnaires de Moov Africa en s’octroyant la majorité et les pleins pouvoirs de direction chez cet opérateur télécoms.
Ces exemples ne représentent qu’un petit échantillon des éléments qui font plonger le risque-pays des États africains auprès des investisseurs et des créanciers, y compris des locaux. Ce type de décisions crée un climat anxiogène pour les affaires qui se traduit aussitôt sur le coût de financement des agents économiques. Dans ce contexte dégradé, ne prennent des risques que des entreprises dites de « pays amis » munies du parapluie politique de leurs gouvernements. Rien de surprenant donc que sur les 97 milliards de dollars de projets d’IDE recensés par la Cnuced en 2024 sur le continent, l’essentiel soit porté par des « institutionnels », des groupes chinois et une poignée de sociétés minières qui y croient encore. Ce chiffre est largement biaisé par la construction d’une ville nouvelle en Égypte par des Émiratis. Contrairement aux apparences, le bilan de la Cnuced confirme la méfiance accrue des investisseurs à l’égard du continent.