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Cedeao: à quand la réforme ?
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Comme si la crise sanitaire et les tensions inflationnistes exacerbées par la guerre en Ukraine ne suffisaient pas, la région ouest africaine fait face depuis peu à la réapparition de vieux démons. Depuis 2020, pas moins de quatre coups d’État ont été perpétrés en Afrique de l’Ouest. La multiplication des putschs témoigne quelque part de la difficulté de la CEDEAO à assumer son rôle de promoteur de la bonne gouvernance et de l’État de droit dans la région.
La problématique de la gouvernance et du rôle de la CEDEAO
La condamnation des coups d’État, assortie ou non de sanctions selon les cas, est généralement suivie de négociations avec les putschistes pour une transition vers un retour à un régime civil. «En faisant de la tenue rapide d’élections la priorité des transitions, on risque de passer outre les problèmes de fond qui touchent à la gouvernance politique, à l’organisation des pouvoirs publics, à la légitimité démocratique des États et, surtout, à la demande criante de justice et d’égalité formulée par les populations», relèvent Amadou Sadjo, philosophe et chercheur en éthique des relations internationales et Barry et Khadiyatoulah Fall, professeur chercheur à l’Université du Québec à Chicoutimi (Québec, Canada).
Symbole de l’avancement démocratique dans ses pays membres à sa création, la Cedeao a moins de crédit aujourd’hui. Face aux récentes crises politiques vécues par certains pays, la réaction de l’organisation régionale a remis en cause sa crédibilité et son efficacité. «La perte de crédibilité de l’organisation régionale réside essentiellement dans le fait que plusieurs gouvernants, ayant fait dévier leur pays de la voie démocratique, continuaient à siéger dans les instances de la Cedeao. De la même façon, la Cedeao ne peut gagner le respect des populations et s’ériger en tant que structure démocratique et pourvoyeuse de progrès social sans être représentée par des dirigeants prônant les idées démocratiques et la liberté», estime Oumnia Boutaleb, spécialiste des relations internationales au Policy Center For The New South.
Pour beaucoup, la Cedeao serait plus une organisation de chefs d’États qu’une représentation des peuples. Résultat, les coups d’État sont appuyés par une large partie de la population qui trouve, à tort ou à raison, auprès des juntes militaires, de potentiels moteurs de changement. «La Cedeao doit davantage se ranger du côté des revendications populaires. Cependant, pour que cette réforme soit envisageable, la nature des dirigeants à la tête de l’organisation doit impérativement suivre la même trajectoire. Ces derniers doivent eux-mêmes œuvrer pour faire respecter les aspirations démocratiques de leurs peuples», observe Oumnia Boutaleb.