Aliko Dangote alerte sur un dumping pétrolier toxique en Afrique

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Dangote investit 2,5 milliards de dollars dans une usine d’engrais en ÉthiopieAliko Dangote © DR
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Lors de la « West African Refined Fuel Conference » tenue le 22 juillet à Abuja, l’industriel nigérian Aliko Dangote a tiré la sonnette d’alarme sur l’importation massive de carburants russes à prix cassés vers l’Afrique de l’Ouest. Selon lui, ces produits, souvent toxiques, échappent aux standards internationaux et mettent en péril non seulement la santé publique, mais aussi l’émergence d’une industrie de raffinage compétitive sur le continent.

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Il explique que le port de Lomé (Togo) joue un rôle central dans cette dynamique, servant de hub pour le stockage de plus de 2 millions de barils de carburants bon marché, avant leur redistribution régionale. Dans un contexte réglementaire laxiste, ces produits sont écoulés sans contrôle rigoureux, alors même que l’Afrique raffine moins de 40% de son pétrole brut extrait localement. Ce déséquilibre favorise l’arrivée de carburants invendables ailleurs, souvent chargés en soufre ou autres substances polluantes.

Un scandale persistant malgré les alertes

Ce phénomène rappelle le scandale du « Dirty diesel » révélé en 2016 par l’ONG Public Eye. L’enquête dénonçait la vente, par des traders comme Vitol ou Trafigura, de carburants contenant jusqu’à 378 fois plus de soufre que les limites européennes. Malgré les engagements pris à l’époque, peu de progrès ont été réalisés. Le vide normatif persiste, facilitant l’écoulement de carburants « qualité africaine » sur des marchés peu régulés.

Les critiques de Dangote s’inscrivent donc dans une problématique structurelle : l’Afrique devient une zone de dumping pour des produits énergétiques rejetés par les marchés développés. Pour le magnat nigérian, ce modèle freine le développement industriel africain et compromet la santé des populations. Il appelle à une harmonisation des normes de qualité, à des mécanismes de contrôle plus stricts et à une volonté politique pour protéger les marchés locaux.

À défaut de réaction rapide, l’Afrique risque de continuer à absorber les excédents polluants d’un système mondial inéquitable.

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