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Le Nil, un facteur de stabilité macroéconomique

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Partagé par onze pays, le Nil joue un rôle essentiel pour les pays qu’il traverse, surtout l’Egypte qui y tire plus de 95% de ses besoins. L’utilisation croissante du fleuve par les Etats situés en amont, notamment l’Ethiopie, comme outil de développement entre en conflit avec les intérêts de l’Egypte. Pour les deux pays, l’exploitation du fleuve est capitale pour l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire et aussi la paix sociale dans le contexte d’une croissance démographique forte. Avec son grand barrage de la Renaissance, principale source de discorde, l’Ethiopie veut aussi gagner son indépendance énergétique.

Après la guerre du Kippour contre Israël, Anouar Al-Sadate, président de l’Egypte déclarait six ans plus tard que «le seul facteur qui pourrait conduire à nouveau l’Egypte à entrer en guerre est l’eau». Pour la troisième économie africaine, c’est peu de dire que le Nil est un sujet de sécurité nationale. Dans ce pays désertique aux ressources limitées en eau douce, le fleuve couvre plus de 95% de ses besoins. Le secteur agricole en est le principal utilisateur. Il représente 11% du PIB et emploie 15% de la population active. Bien que sa part dans le PIB décline avec le développement économique, il joue un rôle capital dans la sécurité alimentaire et aussi la paix sociale d’un pays enregistrant une croissance démographique forte. L’Egypte compte plus de 100 millions d’habitants et sa population aura doublé en quarante ans à 120 millions d’habitants en 2030.



L’utilisation croissante du fleuve par les pays situés en amont comme outil de développement est mal perçue du côté du Caire. C’est le cas de l’Ethiopie. Comme l’Egypte, le pays connaît une augmentation rapide de sa population (73 millions habitants en 2004 à 112 millions en 2019) et est soumis aux mêmes enjeux. L’agriculture y joue un rôle plus prépondérant puisqu’elle pèse 40% du PIB et représente 70% de l’emploi. Baptisé le « Château d’eau de l’Afrique », l’Ethiopie est paradoxalement considérée comme un pays en stress hydrique en raison notamment du manque d’infrastructures. Le pays connaît des épisodes de sécheresse violente, ce qui affecte les performances du secteur agricole là où l’Egypte, elle, grâce à la prédominance de l’irrigation avec les eaux du Nil est faiblement exposée aux aléas climatiques.



Entamée en 2011, la construction du grand barrage éthiopien de la renaissance (GERD) en amont du fleuve vise un double objectif. Il permettra à l’Ethiopie de réduire l’effet de la nature sur son agriculture et d’assurer son indépendance énergétique. Le barrage alimenterait une centrale électrique d’une capacité de 6.000 Mégawatt, la plus grande du continent. Des ambitions qui entrent en conflit avec les intérêts de l’Egypte. La baisse du débit du fleuve côté égyptien (les sources éthiopiennes représentent pratiquement 90% dans le débit total) mettrait à mal sa production agricole suite à une salinisation accrue des terres et une baisse des rendements. Un no deal affecterait aussi les performances du barrage Assouan qui fournit plus de 4% de la capacité électrique de l’Egypte.


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