Bénin : le président Talon protégé après une tentative de putsch
La matinée de dimanche a été marquée par une forte tension à Cotonou, après l’apparition surprise de militaires sur la télévision publique béninoise annonçant la destitution du président Patrice Talon. Selon ce groupe, qui se fait appeler Comité militaire pour la refondation (CMR), une délibération interne aurait conduit à la décision de « démettre de ses fonctions » le chef de l’État, dont le mandat doit s’achever en 2026, conformément à la Constitution limitant à deux les mandats présidentiels.
La déclaration a brièvement plongé le pays dans l’incertitude, renforcée par des témoignages faisant état de coups de feu entendus près du camp Guézo, situé non loin du domicile présidentiel. L’ambassade de France, relayant ces informations sur X, a conseillé à ses ressortissants de s’abriter chez eux par précaution.
La présidence assure que la situation est maîtrisée
Très rapidement, l’entourage de Patrice Talon a réagi en assurant que le président et sa famille se trouvent en sécurité. Selon une source proche de la présidence, les putschistes ne seraient qu’un « petit groupe » ayant réussi à accéder à la télévision publique sans parvenir à contrôler les autres leviers de l’appareil sécuritaire. L’armée régulière aurait, selon cette même source, repris le dessus et sécurisé les points stratégiques de la capitale.
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Une source militaire, également citée par l’AFP, a évoqué une opération de « nettoyage » toujours en cours, tout en affirmant que les mutins n’avaient pas réussi à approcher le domicile officiel ni la présidence de la République. Les autorités insistent sur le fait que la ville et le pays restent « totalement sécurisés ».
Cet épisode survient dans un contexte politique déjà tendu. Longtemps considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, le Bénin a vécu plusieurs coups d’État dans son histoire. Le climat s’est alourdi ces dernières années, notamment en raison des critiques visant la gouvernance de Patrice Talon, accusé par une partie de l’opposition d’avoir durci le jeu politique. Le principal parti d’opposition est d’ailleurs écarté de la course pour la présidentielle de 2026, laissant face au parti au pouvoir un adversaire qualifié de « modéré ».
Si la tentative de prise de pouvoir semble avoir été rapidement neutralisée, les heures à venir permettront de mesurer l’ampleur réelle de l’opération et ses conséquences sur la stabilité politique du pays.