Impuissance

Les dirigeants africains qui participent à l’assemblée générale de l’ONU à New-York vont encore porter la requête de la réforme du Conseil de sécurité. Mais ils ne devraient pas se faire d’illusion, car leurs « amis » qui leur affirment défendre l’élargissement du droit de veto aux nouveaux membres sont dans l’hypocrisie totale. Ne pas partager le droit de veto est sans doute le seul point sur lequel les cinq membres permanents du Conseil sont d’accord tout en prétendant le contraire en public. L’idée de créer une catégorie des membres permanents sans droit de veto avancée par certaines capitales, est tout simplement bidon.
Quatre-vingts ans après la création de l’Organisation des Nations-Unies, la composition et le fonctionnement de son principal organe de décision n’ont plus rien à voir avec le monde de 1945. Ses cinq membres permanents l’ont transformé en un terrain de confrontation en abusant du privilège du droit de veto. Pire, au lieu d’être une instance qui veille à l’ordre international, le Conseil de sécurité, miné par des dissensions géostratégiques, est devenu un générateur du désordre dans le monde. La Russie, détentrice du droit de veto hérité de l’ex-Union soviétique, sème la mort et la désolation en Ukraine depuis février 2022 en toute impunité, et avec l’appui de l’«allié » chinois. Pendant ce temps, le Conseil est paralysé, car toute résolution de sanction serait bloquée par le veto de Moscou en position de juge et partie. Par ailleurs, les Etats-Unis bloquent aveuglément toute mesure visant son protégé israélien.
Lorsque le Général De Gaulle affirmait que l’ONU était un machin, il avait vu juste. Jamais la planète n’avait compté autant de conflits au vu et au su d’une ONU impuissante.